Le prix Nobel de la paix 2017 a été décerné non pas à une personne en particulier, mais à une coalition internationale pour l’abolition des armes nucléaires, non pas donc à un individu, brillant, et engagé, qui aurait réalisé quelque chose de remarquable sur le plan de la paix, mais à une multitude d’individus, rassemblés pour promouvoir une idée ; non pas à une action déjà accomplie, mais à une campagne en cours de réalisation, une utopie qui semble bien loin d’avoir porté ses fruits, bien loin même dans l’époque qui est la nôtre, de devoir même en porter, disent les esprits chagrins qui prônent un scepticisme raisonnable.

À quoi cela sert-il donc ?

En quoi un prix honorifique décerné à des organisations sans véritable pouvoir peut-il effectivement faire bouger le monde quand, à côté de cela, deux présidents se menacent des pires barbaries, quand les pays détenteurs de l’arme atomique se font discrets pour ne pas risquer de devoir faire marche arrière, s’imaginant ainsi assurer leur protection ? Et si par son choix, le comité Nobel avait décidé de se tourner vers l’avenir ? Vers un avenir ouvert, insoupçonnable pour l’heure, un avenir d’espoir… Et même un avenir d’espérance.

J’ai lu quelque part une définition de l’espérance qui me plaît. L’espoir, ce serait un paysan qui a ses greniers pleins de semences et qui espère que, quand il les aura plantées, elles donneront du fruit. L’espérance, c’est ce même paysan, qui, après avoir semé, espère que la récolte sera abondante.

La différence entre les deux, c’est l’action. Dans les deux cas, nous nous tournons vers l’avenir, en l’imaginant productif, mais, dans le premier cas, nous comptons sur une intervention magique, divine, déconnectée de nos propres actions, dans le second, nous décidons d’y assumer notre part, tout en sachant pertinemment que tout ne dépend pas de nous.

Ici, c’est un peu comme si le Nobel avait été décerné non pas à des individus, mais à une espérance, une espérance qui se donne les moyens d’être partagée, portée par des organisations, des ONG, et relayée ainsi, amplifiée par cette distinction honorifique qui tombe au moment même où les tensions liées à l’arme nucléaire sont […]