Le pasteur Gérard Riess vient d’y passer plus d’un an. Il témoigne de «la force de l’accueil» de cette Église.

Deux réalités parallèles. D’un côté, celle des institutions : Saad Harari, de retour après avoir été chassé par la rue en octobre 2019, a promis pour sauver le Liban un gouvernement d’experts. Son crédit dans l’opinion publique reste très faible ; il y a un peu plus d’un an, des dizaines de milliers de manifestants, sunnites, chiites, chrétiens, druzes, s’étaient rassemblés dans tout le pays, de Tripoli à Saïda, d’Akkar jusqu’à Tyr, unis pour réclamer la chute du régime. Leur chant de ralliement, «Tous veut dire tous !», était une dénonciation d’un système politique confessionnel qui avait permis le blocage de la démocratie libanaise. Un fait sans précédent qui avait alors provoqué la démission de Saad Harari. Et le voilà de nouveau engagé dans des négociations pour former son quatrième gouvernement, profitant de ce même système confessionnel qui assure le poste de Premier ministre à un sunnite. L’économie est en plein naufrage, les caisses des banques sont vides, et l’un des principaux bras-de-fer qui agitent la classe politique, c’est l’audit de la banque centrale. Un audit jugé «indispensable» par Emmanuel Macron, un audit sans lequel les aides internationales resteront bloquées ; mais face à lui se dresse un mur : celui de la loi sur le secret bancaire de 1956, qui a permis de faire du Liban la «Suisse du Moyen-Orient». Le gouverneur de la banque centrale s’y accroche avec d’autant plus de vigueur que toute la corruption de la classe dirigeante libanaise, dont nul ne doute au Liban, risquerait d’éclater encore plus au grand jour.

Et il y a, de l’autre côté, la réalité du quotidien. Celle d’un pays meurtri, d’une capitale, Beyrouth, où les ruines des explosions du 4 août sont encore partout présentes. La silhouette éventrée du silo à grains du port, émergeant de ce qui ressemble à un champ de bataille, en reste le symbole repris par […]