Toute personne a le droit de franchir les frontières internationales pendant un conflit (…) quelle que soit sa nationalité ou son identité raciale”, a déploré, lundi 28 février, l’Union africaine (UA). Et de se dire “préoccupée” de la façon “choquante et raciste” dont affirment avoir été traités des Africains fuyant l’Ukraine. Alors que les gouvernements de ces pays essaient d’aider leurs ressortissants à rejoindre les pays frontaliers, la Pologne notamment, des accusations de comportements racistes se sont multipliées aux frontières du pays envahi le 24 février dernier par la Russie, rapporte France Info. En effet, plusieurs Africains assurent avoir été empêchés de passer ou de monter dans les trains au départ de l’Ukraine.

Johanna, 17 ans, étudiante nigériane en médecine à Kharkiv, témoigne pour Brut. À la frontière polonaise, “ils nous ont gardé sans raison, je ne sais pas pourquoi. Et ils laissaient passer les autres Ukrainiens”, dit-elle. Une autre Africaine précise : “Ils ont réuni les Noirs, ils nous ont mis ensemble dans un coin”.

On nous a bloqués à la frontière, on nous a dit que les Noirs ne rentrent pas. Pourtant, on voyait les Blancs rentrer”, indique Moustapha Bagui Sylla, un Guinéen qui étudiait la médecine en Ukraine, à France 24. “Ils ne laissent pas passer les Africains. Les Noirs qui n’ont pas de passeports européens ne passent pas. Ils nous refoulent juste parce qu’on est noirs”, abonde Michael, un étudiant que France 24 a rencontré à la gare de Lviv, dans l’ouest du pays. D’après Moustapha Bagui Sylla, les gardes ukrainiens ont justifié un tel refoulement par des instructions de leurs homologues polonais. Ces derniers leur auraient dit “qu’il n’y avait plus de place pour les migrants” en Pologne.

“Traitement différent inacceptable” 

De son côté, Varsovie dément fermement toute discrimination. “Je ne sais pas ce qui se passe du côté ukrainien, mais nous admettons tout le monde quelle que soit la nationalité. Cela fait deux jours que je démens de fausses allégations comme ça”, s’est défendu Anna Michalska, porte-parole des gardes-frontières polonais, auprès de France 24. “Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, ces personnes ont peut-être été refoulées parce qu’elles essayaient de griller la priorité dans la file d’attente”, a fait valoir, pour sa part, Andriy Demchenko, porte-parole des gardes-frontières ukrainiens.

Le président en exercice de l’UA et chef de l’État sénégalais, Macky Sall, et le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, ont, quant à eux, regretté les “informations rapportées selon lesquelles les citoyens africains, se trouvant du côté ukrainien de la frontière, se verraient refuser le droit de traverser la frontière pour se mettre en sécurité”. En somme, les membres de l’UA estiment qu’un “traitement différent inacceptable” appliqué aux Africains “violerait le droit international”. Ainsi, ils “exhortent tous les pays à respecter le droit international et à faire preuve de la même empathie et du même soutien envers toutes les personnes qui fuient la guerre, nonobstant leur identité raciale”.