Ma cliente rit.

Elle est joyeuse, mais l’évolution incompréhensible de son désir la déstabilise. Je lui demande alors de me décrire ce qu’est pour elle le désir sexuel.

« C’est une vague, me dit-elle. Je la sens m’envahir comme une ondulation chaleureuse. Je la sens déborder. À ce moment je ne veux qu’une seule chose : être dans les bras de celui que j’aime. »

Je lui demande si, dans la réalité, elle a déjà vécu ce genre de scénario délicieux.

« Oui, me répond-elle. Quand nous n’avions pas d’enfants, pas de contrainte, aucun déficit en heure de sommeil. Nous faisions l’amour quand ça nous prenait ; que c’était bon ! » Son mari la regarde avec nostalgie et approuve : « On ne se posait pas de questions. D’une certaine façon, nous n’avions que ça à faire : cueillir le désir quand il était là pour nous en régaler. »

Cette représentation du désir comme un jaillissement spontané est commune chez de nombreuses personnes. Souvent avérée lors de la rencontre amoureuse, elle est également l’héritage des intrigues romantiques littéraires ou cinématographiques, et véhicule l’idée que le désir déclencherait l’excitation sexuelle sans aucune difficulté.

Faire l’amour serait si facile : il suffirait d’un élan du corps et de cœur !

Or, dans la vraie vie, l’expression du désir peut se faire de façon bien  […]