Sur le brun des andins, le vert tendre des jeunes pousses. Discrètes encore, en ce début de mois de mai, à la surface des dix parcelles réparties en deux rangs au fond de l’espace vert du presbytère Saint-Marc. Des courges pour la plupart, mais aussi quelques plants de tomates et bulbes de tulipes, en avance sur le reste. Le fruit de plusieurs mois d’efforts pour les jardiniers en charge de ces cultures, qui pourront bientôt penser à la récolte.
Baptisé « champ des possibles », ce projet de jardin partagé a germé au sein du conseil des quarante en 2019. Cette nouvelle instance du consistoire de Colmar est un groupe de réflexion élargi constitué de paroissiens volontaires et des conseillers presbytéraux. « Très vite, ce sont des préoccupations d’ordre écologique qui ont émergé des discussions, détaille la diacre Sylvie Michel, co-coordinatrice du projet. Nous avons voulu nous inscrire dans la démarche Église verte et nous cherchions une manière de valoriser notre parc. »
Sept parcelles pour des familles précaires
Le projet se veut cependant bien plus qu’une simple initiative écologique. Sept des dix parcelles ont été confiées à des familles en situation de précarité dont certaines en demande d’asile pour qu’elles puissent y cultiver leur potager. Toutes ont été contactées via le réseau associatif colmarien. Les trois autres parcelles sont réservées aux paroissiens engagés dans le projet. Mais des bénévoles passent parfois dispenser quelques bons conseils sans avoir leur propre lopin à cultiver. En tout, une quinzaine de personnes se retrouve désormais une après-midi par mois pour jardiner collectivement.
Parmi elle, Lucy Ramsès. « J’ai toujours aimé les plantes mais je n’ai jamais eu de jardin et je n’aurais pas su comment m’en occuper sans les bénévoles, explique-t-elle. On nous a fourni les pots, la terre et les graines et on nous a expliqué quand et comment les planter. » Sur le groupe WhatsApp dédié au projet, les participants échangent désormais des photos de leurs jeunes plants avec enthousiasme. « Ce jardin, c’est surtout une manière de cultiver du lien, appuie Sylvie Michel. Nous ne voulions pas nous contenter d’attribuer des parcelles, pour nous, c’était important de travailler la terre ensemble. »