Position catholique

Pour les catholiques, le mariage est un sacrement.

Un sacrement est un signe que l’on voit, une parole que l’on entend, un symbole qui porte un message. Les théologiens ont parlé du sacrement comme d’une parole visible à côté de la parole audible. C’est une parole inscrite dans un acte, représenté par un support matériel. Mais le sacrement ne fait pas que représenter, il est efficace. Thomas d’Aquin utilise une image. Il dit que Dieu est l’artisan et le sacrement l’outil qui lui permet de fabriquer un objet. Ainsi la grâce est « produite » par le sacrement.

Dans le cadre du mariage, cela qui signifie qu’au moment où un homme et une femme échangent leur consentement devant un ministre ordonné, leur union se scelle selon le verset qui dit : « tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel. » En cela nous pouvons dire que la cérémonie fait le mariage : lorsque des fiancés entrent dans l’Église, ils ne sont pas mariés, lorsqu’ils en sortent, ils le sont.

L’Église croit que le sacrement confère aux époux la grâce pour accomplir leur vocation d’homme et de femme, de père et de mère, dans la foi, l’amour et la fidélité.

La sacramentalité du mariage est la raison pour laquelle l’Église catholique ne reconnaît pas le remariage des divorcés. Devant Dieu, tant que les conjoints sont vivants, ils restent mariés, même s’ils se sont séparés au nom du verset qui dit : « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ! » (Mt 19.6).

Position protestante

Dans la perspective protestante, si on peut dire qu’il y a un moment où le mariage se fait, c’est quand un homme et une femme s’engagent dans l’intimité à vivre dans l’amour, la durée et la fidélité. Depuis le jour où ils se sentent engagés l’un envers l’autre, l’Église ne peut que reconnaître leur démarche.

Le protestantisme accorde une valeur au mariage civil qui est une façon de dire : « Nous ne sommes plus des adolescents, ce que je t’ai dit dans l’intimité, je peux le dire publiquement et le publier sur les murs de la mairie. » Le mariage civil est une cérémonie qui donne du poids à une parole et à un engagement en le rendant public.

Au moment où un couple sort de la mairie, l’homme et la femme peuvent avoir un petit moment de flottement sur le sens de l’engagement pris. Un mariage est en effet une douce folie, car au nom de quoi peut-on s’engager sur l’avenir ? On peut déclarer son amour pour aujourd’hui, mais n’est-il pas présomptueux pour un homme de s’engager pour l’autre qu’il sera dans vingt ans face à l’autre que sera son conjoint à ce moment-là ? Il y a alors du sens à se tourner vers l’Église pour enraciner l’engagement pris dans la fidélité de Dieu et pour articuler l’amour entre les conjoints avec l’amour du Christ. Le mariage est une cérémonie au cours de laquelle un homme et une femme demandent à l’Église de les accompagner dans les chemins du mariage par sa parole et sa prière, et à travers le geste de la bénédiction.

Dans une perspective protestante, la cérémonie religieuse ne fait pas le mariage puisque le couple est considéré comme marié quand il entre à l’Église, elle prononce la bénédiction de Dieu sur un couple.

Cette position explique pourquoi le protestantisme accepte de remarier les divorcés. Il ne s’agit pas d’approuver le divorce qui reste un échec, mais de considérer que parfois ce peut être un moindre mal et que Dieu offre toujours à l’humain une possibilité de se relever lorsqu’il a chuté.

Les données du débat

Dans une perspective catholique, ce sont les conjoints qui se donnent le sacrement l’un à l’autre, mais pour qu’il soit valide, il faut que l’échange des consentements ait lieu devant un ministre ordonné qui peut être un diacre. Les caractéristiques de l’engagement sont la liberté, la fidélité, l’indissolubilité et la fécondité.

Lorsque certaines conditions du sacrement ne sont pas remplies, l’Église considère qu’il y a ce qu’elle appelle une dispense de forme canonique pour dire que le mariage est tout de même valide. C’est ainsi qu’une personne qui n’a pas été mariée religieusement, qui a divorcé et qui veut se remarier ne le pourra pas le faire à l’Église, car cette dernière reconnaît la validité du premier mariage.

Pour les protestants, si le mariage n’est pas un sacrement, il a incontestablement une dimension sacramentelle, car il entre en résonnance avec le cœur de la foi chrétienne. Dans la Bible, les prophètes dans le Premier Testament et l’apôtre Paul dans le Nouveau ont dressé des analogies entre la relation conjugale et la relation de foi. Dans les deux cas, le sujet est invité à entrer dans une relation d’amour, de confiance et de fidélité. Cette analogie a permis au théologien protestant André Dumas d’écrire : « Si par sacrement, nous voulons dire que nous lions réciproquement nos cœurs et nos corps, comme Dieu s’est lié par son engagement d’amour envers le cœur et le corps de l’humanité, alors pourquoi pas ? »

On peut alors se demander pourquoi les protestants ne considèrent pas le mariage comme un sacrement selon leur compréhension du mot. La réponse est que pour eux, le mariage n’est pas spécifiquement chrétien. Nous connaissons tous des chrétiens sincères et qui ont échoué dans leur couple, et des païens qui ont fait des mariages authentiques. En termes théologiques, on dit que le mariage relève de l’économie de la création – il concerne tous les humains – et non de celle du salut. Un pasteur peut dire à un athée : « Ça a du sens que tu te maries ! » alors que ça n’aurait aucun sens qu’il lui propose le baptême ou l’eucharistie.

Dire que le mariage est une cérémonie et non un sacrement n’est pas une façon de le déconsidérer, mais de le situer à une place différente.