Anorexie, boulimie, hyperphagie : ces pathologies restent méconnues, malgré leurs graves conséquences. Il existe trois grands types de TCA : l’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie boulimique, chacun avec ses spécificités propres. Explication avec le Dr Hugo Saoudi, psychiatre spécialisé en addictologie et troubles des conduites alimentaires.
L’anorexie mentale se caractérise par une restriction alimentaire entraînant une forte perte de poids et une image corporelle déformée, pouvant causer une dénutrition sévère et de graves problèmes de santé. La boulimie nerveuse se traduit par des crises répétées de frénésie alimentaire avec une sensation de perte de contrôle, suivies de comportements compensatoires comme les vomissements, l’usage de laxatifs ou une activité physique excessive. L’hyperphagie boulimique ressemble à la boulimie, mais sans ces conduites compensatoires.
L’origine des troubles du comportement alimentaire est multifactorielle, s’installant souvent discrètement, mais certains signes courants permettent à l’entourage de les repérer chez soi ou chez un proche.
Il n’existe pas de déclencheur unique à ces troubles, mais on retrouve souvent chez les patients des antécédents de harcèlement, notamment liés au corps, ainsi que des agressions sexuelles, qui renforcent les préoccupations corporelles. Le trouble débute généralement par une perte de poids, volontaire ou non, parfois liée à un épisode infectieux ou à un régime alimentaire, qui s’installe et se poursuit progressivement.
Les signaux les plus courants à surveiller sont un isolement, notamment aux moments des repas, ainsi qu’une attention accrue portée au corps, avec des demandes de changement d’alimentation pour modifier son corps. Ce sont des signes auxquels il faut être attentif, en particulier à l’adolescence, parce que le corps est en cours de construction.
Les troubles du comportement alimentaire entraînent de graves complications physiques et psychiques, parfois irréversibles, et impactent profondément les familles, qui sont souvent en première ligne et jouent un rôle crucial dans le parcours de soins.
Les troubles des conduites alimentaires entraînent des complications physiques variées selon leur forme : dénutrition sévère et ostéoporose pour l’anorexie, diminution du taux de potassium dans le sang pouvant entraîner un arrêt cardiaque pour la boulimie, et obésité pour l’hyperphagie boulimique. À cela s’ajoutent des conséquences psychologiques importantes, comme l’isolement social et des symptômes dépressifs pouvant évoluer vers une dépression.
Ces troubles alimentaires perturbent profondément l’équilibre familial, suscitant incompréhension et impuissance chez les proches, ce qui peut aggraver la situation en renforçant l’anxiété et la rigidité de la personne concernée, notamment si elle se sent forcée à manger.
Les troubles du comportement alimentaire nécessitent une prise en charge spécialisée, souvent pluridisciplinaire, pour accompagner le patient vers la guérison.
Chacun de ces troubles va avoir un traitement qui est spécifique, mais il est essentiel d’adopter une approche pluridisciplinaire réunissant un médecin somaticien, un psychiatre idéalement spécialisé dans les troubles des conduites alimentaires, ainsi qu’un nutritionniste ou un diététicien.
Que vous soyez concerné directement ou proche d’une personne en souffrance, la ligne « Anorexie Boulimie Info Écoute » est accessible au 09 69 325 900 pour vous écouter et vous accompagner. Du 2 au 8 juin, une semaine nationale de sensibilisation aux troubles des conduites alimentaires proposera divers événements partout en France.
Vous n’êtes pas seul et vous n’êtes pas responsable : ce trouble est une maladie, pas une fatalité. Des solutions existent pour en sortir.
Un podcast de Phare FM