À peine le pape François sera-t-il inhumé que le Vatican déroulera le programme au cordeau d’un conclave inédit avec quelque 135 cardinaux venus de 71 pays. C’est dire si les jeux sont ouverts, même s’ils ne se connaissent pas vraiment, même s’ils ne vont pas échapper – conservateurs ou réformateurs – à des formes « d’alliance ». Ce qui est certain, c’est que pas un n’est vraiment candidat, et l’un ou l’autre frémira en entendant son nom dépouillé : la charge est vertigineuse… C’est le cardinal Luciani, à peine élu par ses pairs et devenu Jean Paul Ier, qui s’exclama, encore dans la chapelle Sixtine : « que Dieu vous pardonne ce que vous avez fait. » De fait, c’était au-dessus de ses forces : il est décédé après seulement 33 jours de pontificat.

Le piège pour l’élu serait aussi de vouloir faire du pape François un incontournable. Si de nombreux cardinaux souhaitent être dans la continuité, le nouveau pape aura à tracer sa route… Avec quelques soucis : pourra-t-il retourner dans les appartements pontificaux du palais apostolique désertés par François au bénéfice d’une simple chambre à la résidence Sainte-Marthe ? Paul VI avait abandonné la tiare, Jean-Paul II était descendu de la chaise à porteurs… On ne remonte pas le cours de l’histoire. 

Enfin, l’un des critères qui va embarrasser les cardinaux électeurs est l’âge du candidat. Âgé de 76 ans lors de son élection, le pape François se donnait deux ou trois ans et puis… « la maison du Père », disait-il. Or, après Jean-Paul II, Benoît XVI et les 88 ans de François, la durée de vie des papes s’allonge, peut-être au-delà des forces d’un octogénaire. Mais désigner un plus jeune dans la soixantaine, par exemple, c’est parier sur un très long pontificat, dans un monde qui bouge.

Christophe Henning, journaliste, pour « L’œil de Réforme »

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