Il est actuellement en poste à Rochefort et couvre un secteur de desserte qui va de Rochefort à Angoulême.
Quel est votre cursus ? Comment avez-vous pris le tournant de l’armée ?
J’ai découvert l’aumônerie pendant mon service militaire à Berlin, c’est même là que j’ai prêché pour la première fois. Ensuite, j’ai fait mes études de théologie à Paris, Genève et Montpellier. Puis la paroisse à Saintes et à Nice. En 2003, mon union d’Églises m’a proposé d’entrer dans l’aumônerie, ce que j’ai accepté.
L’aumônerie protestante aux armées, qu’est-ce que c’est? Quelle est son organisation ?
Nous sommes 35 pasteurs d’active à statut militaire qui sont accompagnés d’un nombre équivalent de réservistes, le plus souvent des pasteurs de paroisse qui desservent la caserne ou la base voisine. Comme les autres aumôneries (catholique, israélite et musulmane), l’aumônerie protestante est dirigée par un aumônier en chef qui est assisté de 6 aumôniers régionaux chargés d’accompagner les aumôniers des forces dans l’exercice de leur desserte. L’aumônier en chef a, à ses côtés, 4 aumôniers en chef adjoints (un par armée : armée de terre, armée de l’air et de l’espace, marine nationale et gendarmerie nationale).
Comment s’inclut-elle avec la Fédération protestante de France (FPF) ?
Dans l’organisation de la Fédération protestante de France, elle est un service de la FPF, au même titre que les aumôneries des hôpitaux, des prisons et des aéroports. Le point de passage obligé pour devenir aumônier est d’être « envoyé » par son union d’Églises auprès de la FPF.
Et avec les aumôneries aux armées des autres cultes ?
Chaque aumônerie est autonome dans l’exercice du ministère. Mais nous sommes ensemble sur le terrain, notamment en opération. Tous aumôniers envoyés auprès des militaires, la spécificité cultuelle n’intervient que dans le cadre de la célébration cultuelle. Cela n’empêche pas de répondre à une demande particulière liée au terrain. Il m’est arrivé dans des postes avancés où les aumôniers passaient ponctuellement les uns après les autres d’accompagner des catholiques dans la prière et le partage biblique d’un dimanche matin, de partager la lecture des psaumes avec un israélite le jour de la Pâque ou de partager avec des musulmans la force de l’espérance quand elle repose sur la foi.
Avez-vous participé à des opérations extérieures ?
J’ai eu la chance d’être projeté sur les différents théâtres d’opérations. C’est, évidemment, une expérience intense à chaque fois car on est vraiment dans le cœur de métier : apporter un réconfort moral et spirituel en permanence. Nous partageons les conditions de vie, la promiscuité, les déplacements restreints et les conditions climatiques des militaires. Même si nous ne sommes pas destinés à combattre avec eux, nous partageons la fraternité d’armes et cela donne au ministère une ampleur toute particulière propre au milieu militaire, notamment dans le domaine de la confiance. Pour peu que vous ayez la chance d’être envoyé avec des troupes dont vous êtes aumônier, cela apporte au retour à votre ministère une crédibilité inégalable.
ANECDOTE
« J’étais sur une mission OTAN quand se passèrent les attentats de Madrid en 2004. Le commandement international ordonna qu’un service religieux se déroulât sur les différentes implantations de la force. Les aumôniers disponibles étaient franco-belges. En quelques heures, nous avons organisé un office religieux en 5 langues avec un message lu en espagnol par un officier français hispanisant. Pour me remercier, les militaires espagnols m’invitèrent régulièrement dans leur espace, où j’avais droit à chaque passage à un hommage en silence systématique suivi, pour saluer ma présence, d’une diffusion d’une version en flamenco de… l’Ave Maria ! »