Au cœur de la recherche en théologie pratique, l’université Laval a pris en compte l’histoire des Églises unies au Canada dans toute sa complexité. Les dialogues sont constants entre théologiens de tendances différentes, mais ce mouvement s’est accentué depuis quarante ans pour ouvrir la réflexion avec les Églises locales, pour partie composées de membres issus des Premières Nations et peuples autochtones.
Remettre la culture à sa juste place
Les choses ont bien changé depuis l’arrivée de colons occidentaux sur les terres de peuples installés depuis fort longtemps. S’il a fallu attendre la fin du 20e siècle (1986) pour reconnaître que la civilisation occidentale avait été imposée sur tout le territoire et en demander pardon, le chemin de la réconciliation passe aussi par des inflexions pratiques et théologiques.
Les théologies protestantes historiques ont par exemple été analysées finement, pour y spécifier ce qui relève effectivement du rapport entre Dieu et l’être humain et ce qui relève de la culture occidentale. Les cultures portées par les Premières Nations sont en effet très différentes. Elles valorisent l’harmonie et la coexistence pacifique entre les peuples, suivant en cela les valeurs et les enseignements spirituels leur apprenant à respecter le Feu sacré et à être gardiens de la Terre mère.
Incitation à la diversité
Le christianisme s’est principalement ancré dans une compréhension rationnelle ou scientifique du monde. Pour autant, les chrétiens issus de cultures différentes n’ont pas à se ranger derrière cette approche, qui n’était d’ailleurs pas celle des Hébreux au temps de la Bible. Comme en d’autres continents, ils demandent non pas la reconnaissance d’avoir raison, mais un simple respect de ce qu’ils sont, en vue d’une coexistence pacifique. On peut ainsi valoriser plusieurs interprétations possibles des textes bibliques, plusieurs cadres culturels dans lesquels le croyant peut s’inscrire et dégager ainsi la théologie des accents coloniaux ou trop occidentalisés qu’elle revêt depuis des siècles. L’Université Laval est ainsi devenue au fil des années un lieu de dialogue reconnu et exigeant, qui associe des facultés comme l’Institut protestant de théologie, notamment par des échanges de chaires ou des possibilités de passerelles d’études.
Mettre le vivant au centre
Les pratiques spirituelles sont également touchées par la reconnaissance des différences culturelles. Par exemple, la notion de ministère pastoral ne peut être la même dans une Église centralisée autour d’un synode ou au sein d’une communauté qui a besoin d’un leader de guérison et d’aide à la personne.
Même la notion de Création doit pouvoir s’élargir pour intégrer non seulement les animaux, les plantes et la terre elle-même, mais aussi les gémissements d’une Terre à travers lesquels s’entendent les souffrances du Christ.
Les fruits de ces dialogues entre peuples de l’Église n’ont pas fini d’ouvrir la compréhension et le respect envers Dieu et ce monde.