Allez et enseignez à toutes les nations : pendant les premiers siècles, il était demandé aux chrétiens d’aller vers les autres pour leur communiquer la Bonne Nouvelle. Au cours de l’histoire, ils sont allés dans la rue, sont partis dans le monde pour évangéliser, convaincre, apporter une aide matérielle via les différentes formes de diaconat. Accueillir – chez soi, dans les Églises – est une tout autre démarche, relativement récente et beaucoup moins évidente. C’est pourtant un devoir des fidèles qui concerne tout autant celui qui vient au temple par curiosité que l’étranger contraint de fuir son pays, quelque que soit sa religion. À chacun de trouver l’équilibre entre bienvenue et prosélytisme, entre partage et écoute.

Entre soi

Chez les réformés français, l’évangélisation n’a jamais été facile et fut assez vite contenue, tolérée puis interdite, jusqu’à la proclamation officielle de la disparition du protestantisme en France lors de la Révocation. Les différentes communautés ont alors cessé de pratiquer un accueil devenu beaucoup trop dangereux : leurs membres pouvaient être dénoncés et emprisonnés ou envoyés aux galères. Les protestants se sont habitués à vivre cachés et entre eux, chaque membre de l’Église étant connu de tous les autres. Lors d’un déménagement, pour se faire accepter dans une paroisse, il était plutôt bien vu d’évoquer des ancêtres galériens ou pasteurs et de trouver rapidement des liens de parenté avec quelques membres de l’Église… C’est dire que l’ouverture, l’accueil aux autres ne va pas de soi. L’hospitalité, cette vertu chrétienne, était toujours pratiquée mais avec prudence, lorsqu’un voyageur égaré ou un pauvre venait frapper à la porte. Au cours du XXe siècle, les protestants ont ainsi pu être accusés de vivre entre eux, comme un club où on regarde de travers celui qui tente de franchir les portes.

Avec tous les autres

Petit à petit, les mentalités ont changé, la compréhension des Écritures a évolué. Les actions de diaconat vers les non-membres de la communauté se sont développées, d’abord dans un but d’évangélisation, puis totalement gratuitement, simplement parce que le devoir du chrétien consiste à venir en aide à tous ceux qui en ont besoin. Le sens du mot prochain s’est élargi, dans tu aimeras ton prochain comme toi-même. Qui est-il ? Un membre de la famille, un voisin, un membre de la communauté ou n’importe quel être humain sur Terre, enfant de Dieu comme moi ?

Lors des Conseils presbytéraux, la question est régulièrement posée. Il faut être prêt lorsqu’une personne se présente au temple, lui proposer des brochures, le bulletin qui contient toutes les activités. Des conseillers se tiennent à l’entrée du temple, avant le culte, pour accueillir chacun et en particulier l’inconnu qui vient pour la première fois. Il s’agit alors d’aider le nouveau venu à se sentir bien, éventuellement à le présenter au pasteur.

L’accueil se pratique aussi de plus en plus auprès de non-chrétiens. Lors des repas du Casp, il est demandé aux bénévoles non seulement de servir le repas, mais surtout de s’asseoir à table et de participer à la conversation, afin que chacun se sente reçu « comme à la maison ».

Depuis quelques années, un nouveau problème se pose avec l’afflux de migrants qui viennent en masse chercher en Europe de meilleures conditions de vie. Une fois passée la barrière de la légalité (papiers en règle), c’est un nouveau défi qui se pose aux Églises, pour accueillir des personnes et des familles qui ne parlent pas français et sont issus de civilisation différentes.

Entre réticences et devoir d’ouverture, globalement les protestants ont choisi. Comme l’a dit François Clavairoly au Monde : ce n’est pas parce que nous traversons un moment de crise qu’il faut renoncer aux valeurs.

Presse régionale protestante

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