La première démarche consiste à interroger le sens du mot « humain ». Dans la perspective qui nous occupe, il me semble qu’il désigne quelqu’un de compréhensif, de compatissant, d’indulgent, de sensible. Il ne s’agit pas dans le cas présent de parler de l’être humain par comparaison aux animaux, mais plutôt de sa capacité à être à l’écoute de l’autre, à chercher à interagir avec son prochain de manière sensible ou généreuse. Il est question ici d’une attitude bienveillante.

La deuxième démarche s’intéresse à la signification du mot « efficacité ». Dans le contexte d’une organisation, l’efficacité représente la capacité à produire le maximum de résultats avec le minimum d’effort ou de dépense. Pour obtenir ce résultat, il faut nécessairement qu’un but soit défini, qu’il soit connu et admis par tous les participants. L’efficacité est par principe mesurable : est efficace ce qui produit l’effet qu’on en attend.

L’édification de l’Église

Dans le cadre de l’organisation Église, nous nous heurtons ici à un problème difficile à résoudre. Quel est en effet le but de l’Église ? D’avoir le plus de monde possible au culte ? De permettre au plus grand nombre de rencontrer Dieu ? D’avoir des finances saines et équilibrées ? De conquérir des parts de marché face aux autres religions ? D’après l’auteur de l’Épître aux Éphésiens, le but de l’Église est l’édification du corps du Christ (Éph 4,12). L’édification peut se comprendre comme le bien-être de la communauté et sa croissance tout comme le bien-être de chacun de ses membres et de leur croissance dans la foi. Cette édification est par conséquent difficilement mesurable, car elle ne peut être que subjective, en fonction de chaque chrétien, mais aussi de chaque communauté. Elle l’est d’autant plus que c’est le Christ qui est la tête de ce corps et que c’est grâce à lui que celui-ci s’édifie.

L’efficacité en Église

Pour autant, il n’est pas question de faire une croix sur l’efficacité en Église, c’est-à-dire de renoncer au fait que le travail produit par ses membres, professionnels ou bénévoles, soit bien fait et atteigne un certain but. Pour y arriver, il faut diriger le travail, ce qui implique nécessairement de recourir à des méthodes de gestion de la main d’œuvre.

Si le mot « efficacité » en Église résonne avec son édification, alors l’Église peut privilégier le côté « humain » du travail effectué en son sein lorsqu’elle se souvient qu’elle est définie par l’apôtre Paul comme un corps. Celui-ci est composé d’éléments divers et variés, aux dons multiples. Certains de ses membres sont forts, d’autres sont plus faibles, mais tous concourent, à leur niveau, au bon fonctionnement de ce corps et chacun est appelé à faire de son mieux de là où il se situe. L’humanité de l’Église consiste à reconnaître à chacun sa valeur et à chercher à combiner le travail de chacun pour que le corps puisse être édifié.

Presse régionale protestante

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