En 1999, il y a 20 ans, une grande avancée des relations œcuméniques, l’accord sur la «justification par la foi» est signé par les luthériens et les catholiques. Depuis d’autres signataires se sont engagés, l’EPUdF, les anglicans, les mennonites… 20 ans après, la «Semaine de prières pour l’unité des chrétiens dans le monde» donne lieu dans les paroisses à des échanges de chaires et souvent à des moments très conviviaux, tels des concerts, des expositions ou des conférences. Ici et là, cependant il y a de grandes différences bien que, presque toujours, un groupe biblique œcuménique existe.
Paroisse de Montargis, pasteur Michel Paret
À Montargis, le pasteur et le prêtre partagent la même analyse de la situation. La paroisse a été longtemps un haut lieu de l’œcuménisme, échanges de chaires, repas annuel chez les « sœurs de campagne », la Semaine de l’Unité était une semaine festive. Depuis quelques années, les églises protestantes sont sorties du bassin et les églises ethniques ne veulent plus participer, souligne le pasteur. Seuls restent des catholiques et des réformés et lors de la réunion de préparation il y avait quatre protestants et deux catholiques (le curé et une sœur).
Montargis est une ville qui s’appauvrit, dans laquelle le nombre de retraités est important. Pourtant, aujourd’hui, l’assistance aux cultes a augmenté de douze personnes à quarante. Michel Paret insiste sur le fait qu’une quinzaine de ces nouveaux membres sont des demandeurs d’asile pas spécialement attachés à l’œcuménisme, mais dont 8 ont obtenu le statut de « réfugié » dans l’année.
Cette situation a conduit la paroisse à se tourner vers les priorités sociales, la mise en réseau avec des associations d’aide et de secours locales et désormais toute l’énergie se trouve investie dans l’entraide. La situation se caractérise par la pauvreté, la fatigue et surtout des énergies non renouvelées ! Néanmoins, protestants et catholiques travaillent ensemble dans ces associations.
Paroisse EPUdF de Jouyen-Josas, Viroflay, Vélizy et Chaville, pasteure Mathilde Glavier-Porte et Catherine du Fou, secrétaire du CP
Dans la paroisse, selon le lieu où on se trouve, les réalités sont différentes : en effet, la paroisse s’étend sur 4 communes, 3 églises et 2 diocèses, souligne Mathilde. « Il n’y aura pas de célébration cette année, alors que jusqu’à il y a deux ans il y avait de très bonnes relations entre catholiques et protestants de tradition, “ fortement ancrés dans cette région” », témoigne Catherine. En 2018, le curé change, il est remplacé par un curé en soutane et sandales.
En 2019, il n’y a pas eu de célébration commune sur deux lieux de la paroisse, et la pasteure s’est heurtée à un refus, pour 2020 : le prêtre ne peut pas. Il est souvent difficile pour les paroisses qui s’étendent sur plusieurs municipalités d’avoir des relations avec toutes les paroisses catholiques si la pasteure est seule. Dans le troisième lieu, les relations sont bonnes et en 2019, il y a eu une célébration en commun dans l’église catholique réunissant protestants, catholiques, évangéliques et Arméniens.
Cette célébration a été festive nous confie la pasteure. Elle a commencé par un « pot » afin que chacun se présente et s’est poursuivie par un office, le curé pour la liturgie et la pasteure pour la prédication. La demande de célébrations en commun est forte dans cette paroisse, car les couples mixtes sont nombreux et beaucoup de catholiques participent aux cultes.
Paroisse de Meudon, Sèvres, Ville-d’Avray, pasteur Daniel Schrumpf
« Le mot “œcuménisme” doit disparaître et la Semaine de l’Unité aussi ! » pose comme préalable Daniel. Il est en poste depuis 8 ans : la paroisse comporte deux temples et le pasteur dessert trois municipalités, très différentes. Dans l’une, silence total. Dans la seconde, on fait ce qu’il se doit selon la « discipline du Vatican » et dans la troisième on se voit plusieurs fois par an : on prie ensemble et, catholiques et protestants se retrouvent les uns chez les autres. Nous avons en commun depuis saint Augustin le baptême : « on ne rebaptise pas les hérétiques » et l’EPUdF ne rebaptise jamais un catholique qui la rejoint, poursuit Daniel.
C’est donc un sacrement autour duquel on se retrouve. Celui-ci pense que hors de la communion il ne peut y avoir de véritable avancée. Dans l’église se rencontrent jeunes et plus âgés, pauvres et riches, toutes les ethnies et cela ne se vit pas ailleurs. Tout sera accompli quand catholiques et protestants communieront ensemble. « Ils ont tous mangé le même aliment spirituel » 1 Corinth 11.3. Un prêtre de ses amis lui a dit « Au royaume de Dieu on pourra communier ». Il est nécessaire de se rencontrer, de se retrouver, cela demande un travail de paix sur soi et de ne pas être dans le jugement de l’autre. L’autre peut être touché par notre paix, non par notre argumentation. « Entre nous il y a l’Évangile », conclut Daniel.