La religion hindouiste compte environ 6000 adeptes en Alsace, surtout dans l’agglomération de Strasbourg, selon l’association cultuelle Bhakti Mandir. Leur principale manifestation, la fête des lumières Diwali, attire des Strasbourgeois de tous horizons.

De l’encens, des coussins, et de lourds volumes en sanskrit, la langue des textes sacrés hindous. Luxmee, Anita, Devy, Mala, et Vinta font le silence avant de chanter leurs mantras. Seule la pluie, la première depuis longtemps, vient troubler le calme absolu qui s’est installé dans la salle jouxtant l’église catholique de la TrèsSainte-Trinité, à Strasbourg. Même si les célébrations de la fête des lumières Diwali du 14 novembre restent suspendues à la situation sanitaire, l’association cultuelle Bhakti Mandir veut être prête. De toutes les fêtes religieuses hindouistes, Diwali reste la plus visible en Alsace et accueille aussi des non-pratiquants. Luxmee Quirin, la présidente de Bhakti Mandir, insiste sur la diversité des divinités célébrées et des significations attribuées à cette fête. Dans certaines régions de l’Inde, la célébration de Diwali coïncide avec la fin des récoltes. Sur les cinq jours de fête, le troisième est le plus important : le soir de la nouvelle lune, les hindous allument des bougies ou des feux pour célébrer le triomphe de la lumière sur l’obscurité. Selon l’épopée hindoue du Ramayana, Diwali commémore le jour où Rama, un des avatars de la divinité protectrice Vishnu, a vaincu le démon Ravana qui avait kidnappé sa fiancée Sita.

Plusieurs régions ou corporations associent aux célébrations d’autres divinités comme Lakshmi, déesse de la fortune et de la prospérité. Mais contrairement à une idée répandue, l’hindouisme n’est pas une religion polythéiste à proprement parler. Ses divinités sont autant de facettes ou de créations du Brahman, le dieu supérieur. On retrouve parmi elles les trois entités de la Trimurti, la trinité hindouiste : Brahma, le créateur, Vishnu, le gardien, et Shiva, le destructeur. Deux grands principes régissent la religion hindouiste : le Karma (principe de cause à effet) et le Samsara (cycles de vie et réincarnation). La forme de vie dans laquelle un être est réincarné sanctionne les actions bonnes ou mauvaises effectuées dans une existence antérieure.

Plusieurs diasporas bien distinctes

La diversité des coutumes rappelle que l’hindouisme n’est pas une religion monolithique. Nadine Weibel, spécialiste des religions d’Asie en Europe, rappelle que l’implantation de l’hindouisme en Europe, relativement récente, est le fait de plusieurs diasporas : « En Alsace, il y a les Tamouls mauriciens venus pour des raisons économiques, les Tamouls sri-lankais qui se sont exilés à la suite de la guerre civile, et enfin la communauté indienne arrivée pour des études universitaires. » À la répétition de Bhakti Mandir ce soirlà, toutes sont d’origine mauricienne. Si l’association se dit ouverte à tous les hindouistes, Nadine Weibel relève au quotidien une prédominance de l’ethnique sur le religieux. Les différentes diasporas ont peu d’occasions de se mélanger, tant les lieux de socialisation sont distincts, explique-t-elle. « Je me souviens d’une fête donnée pour l’anniversaire d’un garçon de dix ans d’origine tamoule sri-lankaise. Sur 200 invités présents, presqu’aucun n’était indien. » Pour autant, Bhakti Mandir reste une association cultuelle. Elle représente l’hindouisme dans le dialogue interreligieux alsacien, et porte ses revendications, notamment pour un rééquilibrage des moyens accordés à chaque culte. Contrairement aux voisins suisses et allemands, les Hindouistes alsaciens n’ont pas de lieu de culte et doivent se contenter d’une salle louée à la Très-Sainte-Trinité dans le quartier de l’Esplanade, à Strasbourg. « C’est notre grand problème, déplore Luxmee Quirin. Notre communauté est trop petite pour financer son propre temple. »