La description d’un désert intérieur peut paraître décourageante ou accablante pour une personne extérieure à cette expérience. Mais le désert intérieur existe, avec sa dure réalité. On peut penser à la « nuit obscure » que des grands noms du christianisme ont vécue, comme Jean de la Croix ou John Wesley, ou plus près de nous Mère Teresa ou Joni Eareckson après son accident. Ces grandes figures peuvent nous apprendre beaucoup sur notre propre désert intérieur. Motivés par de la compassion, nous pouvons regarder en face ce qu’un proche est peut-être en train de vivre, même si cela semble incompréhensible ou inadmissible. Selon les personnes concernées, ce sera l’une ou l’autre des facettes exposées qui sera présente, pas forcément toutes.
Et s’il se trouvait un jour que ce soit moi qui le traverse, ce désert, j’apprécierais que quelqu’un exprime – au moins en partie – ce qui ressemble à mon vécu. Cela signifierait qu’un autre humain a affronté cette réalité et en a réchappé. Même plus, il en est sorti avec un bénéfice inespéré : un grandissement d’être, une nouvelle dimension qui ne pourra plus lui être ôtée ; celle-ci a un goût d’éternité ! Excellente nouvelle.
Les mots
Mais avant d’y arriver, il faut le traverser, ce désert ! Alors parlons-en. Parce que parler, nommer, permet de ne pas rester enfermé en soi-même, livré à du néant. Même si cela n’a rien de transcendant ou d’extravagant, les mots sont rassurants et apportent une parcelle de réalité à laquelle s’accrocher. Ce sont les mots qui guérissent bien des maux.
Le désert n’a rien à voir avec des banalités admises ou des généralités comprises. Quand c’est moi qui le traverse, ça semble tellement différent de ce qu’on en dit. Je suis coupé de ce que je ressens et tout semble sec, sans vie, minéral. Je suis détaché de mes sensations, mes émotions. C’est le vide intérieur. Je n’ai pas moi-même accès à mes ressources. On a beau me dire quantité de belles vérités, de promesses bibliques, rien ne pénètre en moi. Qu’il y ait eu une cassure brusque ou une épreuve qui dure et use, le résultat est le […]