Après son baccalauréat et deux années de classes préparatoires pour le concours, il intègre une école de commerce. Aujourd’hui, Gustave est consultant en stratégie digitale dans un grand cabinet de conseil. Les enjeux de la révolution numérique le passionnent. « L’organisation de la société dit-il, sera bouleversée par les technologies qui émergent. Mais dans le même temps, les fondamentaux humains, les relations sociales, la culture, la spiritualité persistent ». Sa foi protestante lui permet de garder une cohérence dans la tension entre ce semper reformanda qui s’accélère et l’essentiel qui reste.

« Je me sens chez moi dans ce vieux temple de l’Oratoire où résonnent des cantiques et psaumes familiers. C’est donc tout naturellement que je poursuis aujourd’hui mon chemin dans l’Église ». Gustave est responsable du groupe des étudiants et jeunes actifs de sa paroisse. Une fois par mois, il les réunit pour une soirée-débat suivie d’un dîner fraternel. En février 2019, il a invité la présidente de l’association Chrétiens unis pour la Terre, pour réfléchir à leur engagement pour le climat et la biodiversité. L’objectif du groupe est d’amener la paroisse à porter le label « Église verte ». Attaché à cultiver une approche intelligente de la foi, Gustave prend en compte les avancées scientifiques dans sa manière de lire la Bible.

Un fort engagement dans la société

En 2015, sa façon de comprendre les Écritures et de vivre sa foi l’amène à s’engager dans l’association Coexister, un mouvement de jeunesse qui veut favoriser la cohésion sociale et les amitiés entre les jeunes de différentes convictions religieuses y compris des agnostiques et des athées. Ils font des actions communes au service de la société. Selon lui, « le fait religieux est mal compris en France, c’est un sujet complexe et tabou, donc fantasmé, et il est souvent instrumentalisé alors qu’il est porteur d’identités profondes ».

Avec son association, il organise des rencontres, formations et visites de lieux de culte dans le but de permettre la confrontation des points de vue. Ensemble, ils font des actions de solidarités. Tous les mardis soir, ils sont au pied de la tour Saint-Jacques à Châtelet pour des « cafés de rue ». Ils échangent et prennent des nouvelles des personnes isolées et sans domicile autour de boissons chaudes et gâteaux. Toujours avec l’association, il intervient en milieux scolaires sur le vivre-ensemble pour aider à déconstruire les préjugés sur les religions et la laïcité.

Soucieux de la diversité, Gustave aime organiser des débats qui croisent des identités multiples, souvent source de discriminations. « Comme protestant, je me sens à l’aise pour débattre de ces questions, et ça m’a amené à approfondir ce que je croyais vraiment. J’ai conscience que notre statut de minorité historique, et le fait que les protestants se soient engagés de longue date pour la liberté de conscience et la laïcité, comme Ferdinand Buisson en 1905, inscrivent cet engagement autant dans le dynamisme créateur de ma foi que dans les racines de mon identité ». Gustave est un jeune homme qui prend le temps de vivre. Il aime faire la fête, aller au cinéma, au théâtre, suivre l’actualité internationale, lire de gros classiques, jouer de la musique, voyager, courir dans les Alpes des trails de quatre jours.