Annie Burger Roussennac, 55 ans, a grandi à Hurtigheim et a fréquenté sa paroisse luthérienne « par transmission familiale et par foi, en participant à l’École du dimanche et en distribuant ‘Le Messager’ notamment ». Le protestantisme à l’époque faisait partie de l’identité du village. « Je n’avais pas conscience que j’étais luthérienne et membre de l’Église protestante de la confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine. » Elle a vécu en Alsace jusqu’à ses 20 ans, avant de faire ses études à Paris où elle est restée. Sa grand-mère l’a manifestement beaucoup marquée. « Elle avait la certitude qu’on était minoritaire et qu’on risquait d’être absorbé par les catholiques. Dans ma famille, je me suis souvent entendu dire : ‘Surtout, n’épouse pas un catholique !’ Ma tante de Truchtersheim en a épousé un. A la messe, nous restions assis au moment où l’assemblée se levait car ‘on doit être fier d’être protestant’. »

À son arrivée à Paris, Annie Burger Roussennac a découvert l’église luthérienne, boulevard Barbès. « Cela a été un choc car je n’ai pas retrouvé ce que je connaissais en Alsace. Le pasteur était en aube blanche et la sainte Cène se pratiquait tous les dimanches alors que, dans mon village, c’était plutôt de l’ordre de trois fois par an. La liturgie était aussi différente.» Certains lui ont même fait remarquer qu’elle ressemblait davantage à une catholique dans sa pratique. Puis Annie s’est mariée avec un réformé. « J’ai été séduite par cette culture dont je me suis sentie proche intellectuellement. » Elle est néanmoins restée attachée à la paroisse luthérienne, où la majorité des paroissiens sont camerounais.

Pour cette enseignante, la minorité ne se joue pas entre réformé, luthérien ni même catholique : « Être chrétien à Paris, c’est déjà rare. » Surtout que le quartier de la Goutte d’or, où elle habite, est devenu majoritairement musulman et plusieurs mosquées s’y sont établies.