L’ambiance est studieuse dans la grande salle prêtée par la paroisse de l’Étoile. À l’entrée, une personne accueille. Dans un coin, du café et des biscuits sont proposés gratuitement. Les personnes sont réparties deux par deux autour de petites tables le long des murs. Je rejoins Philippe Wehrlin à l’une d’elle. Fondateur de l’ACE, il me rappelle son but : aider les gens en recherche d’emploi afin qu’ils trouvent de meilleures pistes et qu’ils soient autonomes dans la recherche.
Plus forts ensemble
Un des conseils donné régulièrement consiste à solliciter deux personnes par semaine pour qu’elles donnent chacune deux autres noms. Le réseau personnel s’étend ainsi rapidement. En effet, 70 % des postes disponibles sont dans les TPE (très petites entreprises) et se trouvent grâce à ce réseau. Il faut apprendre à le solliciter. Ce n’est pas simple car 99 % des gens en recherche d’emploi ont perdu confiance. Ainsi, la phrase « ne restez pas seuls » résonne comme un slogan. C’est d’ailleurs la première ligne du prospectus présentant l’ACE. Pour cela, l’association propose des rendez-vous avec des conseillers, douze bénévoles pour accompagner, écouter, comprendre, motiver. Chacun a réussi quelque chose dans sa vie, rappelle l’ancien président, il s’agit de le valoriser. Autant que possible, le même conseiller suit la même personne. Il est d’ailleurs choisi de manière à maintenir une certaine accointance selon le secteur d’activité ou la fonction. Les dossiers restent bien sûr confidentiels : il n’est pas rare qu’en parlant de travail, on touche à l’intime et que les larmes coulent. La personne peut venir aussi longtemps qu’elle estime en avoir besoin par séance de 1h30, toujours sur rendez-vous, uniquement les mardis et jeudis. La réciproque n’est jamais loin : ils apportent aussi : être utile ça booste, rappelle l’ancien président. Demandes et urgence sont variables. Certains ont huit jours devant eux, d’autres six mois, les deux situations n’appellent pas les mêmes solutions.
Une équipe solide
L’ACE travaille en réseau avec la Mission dans l’industrie en Région parisienne, Pôle emploi, mais aussi d’autres associations plus spécialisées : le Casp pour le logement, « coups de main » pour les petits boulots. Et nous orientons les personnes sans papiers vers la Cimade, précise le fondateur. Ainsi ce sont près de 250 personnes qui sont accompagnées par an. Le pourcentage de réussite est difficile à estimer. Les gens tournent la page, et ne reviennent nous informer que rarement. On estime à 70 % le nombre de ceux qui trouvent un travail, confie Philippe Wehrlin. Par là il faut entendre tout ce qui se présente : mission, CDD, mais aussi CDI. Nous appelons aussi pour nous tenir au courant si nous n’avons pas de nouvelles. En plus des douze conseillers, l’équipe de l’ACE se compose deux secrétaires, deux informaticiens, deux américaines pour la conversation en anglais, un psychologue, un graphologue et un juriste. L’ensemble forme une véritable équipe, heureux de leur engagement, les cas difficiles sont examinés ensemble. La formation est nécessaire. Tous les conseillers ne sont pas protestants. Pour le fondateur, la dimension protestante est à chercher dans l’équilibre entre l’accueil, le sérieux, l’humour et l’humilité devant la compréhension du problème. Ainsi, la fête fait aussi partie de la vie comme le partage une fois l’an de la galette des rois avec ceux qui sont là depuis six mois. Ce service est aussi reconnu plus largement puisqu’en 2010, l’ACE a été sélectionnée pour représenter la France auprès de Bruxelles sur le thème « les meilleures pistes d’embauche pour l’emploi des séniors ». Hasard, l’ordre alphabétique aide bien à faire connaître l’acronyme là où le fondateur avait choisit le nom en pensant au tennis : « service gagnant ».