Le 9 décembre 1854, en pleine guerre de Crimée (1853-1856), le ministre de la Guerre finit par céder. Il y aura bien une aumônerie protestante aux armées. Cette décision est consignée dans une lettre faisant office de sésame. Elle est conservée à la bibliothèque de la Société de l’histoire du protestantisme français (SHPF) dans le 7e arrondissement de Paris. Il en va de même pour les missives envoyées par Louis Vallette, pasteur de ce qui était alors le consistoire des Billettes. « La guerre de Crimée est le premier conflit depuis l’arrivée au pouvoir de Napoléon III. Jusqu’alors il n’y avait que des aumôniers catholiques en France », rappelle Sophie Vié, bibliothécaire adjointe.
Alors, qui pour soutenir et secourir les blessés protestants sans aumôniers militaires dédiés, à une époque où les infirmières n’étaient pas encore laïques ? « Les Alsaciens qui partaient au combat ne disaient pas qu’ils étaient protestants, de peur de ne pas être soignés », poursuit-elle. Conscient de cette situation, Louis Vallette multiplie les courriers pour changer les choses. Alors qu’il bataille pour le bien-être des soldats, on lui répond qu’il serait trop difficile d’envoyer des aumôniers représentant la diversité des Églises protestantes (luthériens, baptistes, Réveil, etc.). Les […]