Une vie intérieure mieux réglée aux exigences de l’Évangile va de pair avec des engagements au cœur des réalités du monde, et particulièrement envers les sœurs et les frères fragiles ou en difficulté.
Depuis plusieurs décennies, le Service d’Entraide de l’Inspection luthérienne de Paris propose une « Action de Carême », non seulement pour sensibiliser aux œuvres protestantes qui agissent et témoignent auprès des plus faibles, mais aussi pour que chaque membre de l’Église et chaque paroisse contribuent réellement à ces solidarités. Voir la détresse de tant d’hommes, de femmes et d’enfants, y porter attention en s’informant de ce qui se fait au nom de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, conduit à prendre part, même modestement, à la mission par le don et, pourquoi pas, lorsque c’est possible, à s’engager dans le travail des associations et des fondations.
Cette année 2022, une action au près est pour la Maison verte qui joue un rôle non négligeable, depuis de nombreuses années, dans le travail de prise en charge des migrants ; une action au loin est pour le projet de forage d’eau potable dans l’enceinte du Collège de formation pastorale de la FJKM (Église de Jésus-Christ à Madagascar, Église réformée malgache).
L’action «au près»
Elle est portée par La Maison Verte (Fraternité issue du mouvement de la Mission populaire évangélique de France), un lieu ressource qui accueille chaque être humain inconditionnellement, sans tenir compte de son origine, de sa situation administrative, de sa sexualité ou de sa religion. Un important travail est effectué auprès des migrants, en particulier leur permettre d’avoir une domiciliation pour effectuer leurs démarches administratives, les orienter pour faire leurs demandes d’asile/de titre de séjour. Hormis la domiciliation administrative, la Maison Verte les accompagne pour ouvrir leurs droits, assure aussi un vestiaire gratuit tous les mercredis et y distribue des produits d’hygiène. Elle organise deux fois par semaine des ateliers sociolinguistiques pour femmes.
Les différents confinements ont été une occasion d’affirmer notre soutien aux plus démunis : l’association Utopia 56, dont le but est d’accompagner les migrants, était à la recherche de lieux d’hébergement d’urgence pour mettre des mineurs isolés étrangers à l’abri. Alors que l’hiver approchait, de nombreux mineurs étrangers dormaient dans les rues de Paris. Ils sont dans l’attente d’une reconnaissance de leur minorité ou d’un recours pour contester leur majorité. Sans attache et sans famille, ces jeunes encourent différents risques en restant dans la rue : problèmes de santé, consommation de substances illicites, alcoolisme, délinquance ou encore embrigadement dans des groupes religieux extrémistes. Leur jeunesse faisant d’eux des proies faciles pour des personnes mal intentionnées, les sortir de la rue et les prendre en charge est essentiel. C’est ainsi que l’association Utopia 56 maraude et recense les mineurs isolés étrangers en leur apportant une aide matérielle d’urgence (couvertures, tentes, nourriture…) en attendant de trouver des lieux de mise à l’abri.
Lors du dernier confinement, la Maison Verte a vu sa salle polyvalente devenir bien calme. Elle a alors ouvert ses portes à 15 jeunes encadrés par les bénévoles de l’association Utopia, de novembre 2020 à mai 2021. La salle de 108 m2 a alors accueilli successivement 15 jeunes, exclusivement des garçons, qui l’ont aménagée avec des matelas gonflables, des couvertures, des oreillers.
Tous les matins, les jeunes se douchaient aux bains-douches, à quelques mètres de la Maison Verte, avant de se rendre au collège ou au lycée. Le soir, les jeunes se rendaient dans la cuisine pour préparer le dîner puis ils mangeaient tous ensemble dans le foyer Rochat. Toujours reconnaissants et respectueux, tous les jeunes ont été relogés dans de vrais centres d’hébergement à la fin du mois de mai.
L’action «au loin»
Elle se situe au sein du collège théologique FJKM à Ivato, l’un des cinq centres de formation pastorale de l’Église réformée de Madagascar. Il loge 260 résidents, dont 38 enfants. Les étudiants sont tous en internat. Les conjoints des étudiants y suivent également des formations spécifiques afin de pouvoir accompagner et épauler leurs époux/ses dans leurs futurs ministères.
Le collège ainsi que la population environnante n’a pratiquement plus accès à l’eau potable de la JIRAMA (Entreprise publique de réseau de distribution d’électricité et d’eau). Certaines nuits, et de façon aléatoire, un filet d’eau peut couler des robinets de bornes-fontaines. De ce fait, les résidents du Collège doivent veiller, guetter l’éventuelle arrivée d’eau et faire la queue. Les sorties nocturnes pour chercher de l’eau font partie de leur quotidien. La distribution est forcément rationnée.
Le réseau est vétuste et défaillant, causant d’importantes coupures d’eau et d’électricité, souvent plusieurs fois dans la journée, sous couvert d’opérations de délestages. La région Analamanga, au centre de l’île, où se trouve le Collège souffre de la dégradation accrue de l’approvisionnement en eau. Cette pénurie est devenue un problème majeur et préoccupant pour la communauté car les étudiants sont épuisés par le manque de sommeil et n’arrivent plus à se concentrer pendant les cours. L’hygiène sanitaire se dégrade de jour en jour. Le collège met à la disposition des étudiants un champ de culture étendu et la totalité des récoltes leur est distribuée pour les aider à survivre (les montants des bourses sont plus que dérisoires : entre 6 et 9 euros par mois). À cause de la pénurie d’eau, le champ de culture est totalement asséché.
Outre les conséquences néfastes du Covid, la dégradation accrue de l’approvisionnement en eau rend la situation économique très précaire et la population davantage vulnérable.
Afin de remédier à cette grave pénurie d’eau, l’association FMTP (Association en soutien aux organismes de formation de pasteurs de la FJKM), créée en 1989, travaille sur un projet de construction de forage d’eau potable de 40 m dans l’enceinte du Collège. Les habitants des alentours, et notamment les pasteurs retraités qui habitent à proximité, bénéficieront également de cette future infrastructure.