Dans les premiers siècles de la Réforme, les persécutions contre les protestants ont contraint nombre d’entre eux à s’exiler. Certains, avec une âme d’aventurier mais aussi d’évangélisateur, partirent pour convertir le monde. Ce fut le cas chez les Britanniques, par exemple avec l’aventure du Mayflower en 1620 et l’arrivée en Amérique du Nord des « Pères pèlerins ». En France, la révocation de l’édit de Nantes provoqua l’exil, parfois lointain, d’une partie de l’élite économique protestante. On peut parfois s’étonner de retrouver des noms d’origine française dans de nombreux pays, jusqu’en Afrique du Sud. Certains protestants servirent le pays en se faisant corsaires, une forme de vocation religieuse qui ne manque pas d’étonner…
Mais, au-delà des aléas historiques, l’essence même du protestantisme n’est-elle pas de faire de nous des aventuriers ? On a souvent expliqué les principes du protestantisme à partir des convictions théologiques fondamentales des Réformateurs, notamment les trois solae : sola scriptura (l’Écriture seule), sola gratia (la grâce seule), sola fide (la foi seule). Mais derrière ces grandes affirmations, n’existe-t-il pas aussi une démarche nouvelle et un style protestant ?
Un libre interprète
Jusqu’alors, le chrétien devait être dans une forme d’obéissance et d’adhésion à un corpus dogmatique que l’Église, en l’occurrence le magistère, décidait. L’Église a même institué des tribunaux pour juger les éventuelles déviances, les « hérésies ». Mais la Réforme protestante, en affirmant le principe de l’Écriture seule, met chacun devant […]