Dans son premier discours le nouveau pape, qui a pris le nom de Léon XIV, s’est présenté comme « un fils de saint Augustin, un augustin ». Comment entendre cette référence à l’évêque d’Hippone ? Le grand livre politique de saint Augustin est La Cité de Dieu, qui, au moment de la chute de l’Empire romain, cherche à dire une parole d’Évangile dans un monde qui s’écroule. Il fait l’opposition entre la Cité de l’homme, constituée par des chefs qui cultivent leur grandeur et imposent leur pouvoir par la violence et la force, et la Cité de Dieu, qui repose sur la justice et l’attention aux pauvres et aux petits. Comment ne pas voir dans cette opposition un message pour notre temps ?

Spirituellement, les protestants ne sont pas très à l’aise avec les fastes du Vatican ni avec l’image d’une foule en liesse sur la place Saint-Pierre devant un homme qu’on lui présente comme son chef spirituel. Cela étant dit, notre monde a besoin de paroles qui témoignent d’une logique autre que celle de la violence et de l’intimidation. Le plus impressionnant est l’écho médiatique de cette séquence vaticanesque – plus de 4 500 journalistes du monde entier ont été enregistrés pour couvrir le conclave – et l’unanimité des chefs d’État qui ont salué l’élection d’un nouveau pape dont les paroles sont souvent critiques à l’égard de leurs politiques. La disproportion entre l’autorité internationale du pape et son pouvoir réel – il règne sur le plus petit État du monde – témoigne de l’attente d’une parole qui relève d’une […]