Saint-Jacques-de-Compostelle, Lourdes ou, plus près de nous, le Mont Saint-Odile : de nombreux catholiques se rendent, parfois régulièrement, dans ces lieux de pèlerinage. Côté musulman, il est obligatoire d’aller à La Mecque au moins une fois dans sa vie. Et qu’en est-il des protestants, riches, eux aussi, de nombreux lieux emblématiques ?
Le mot « pèlerinage » ne fait en général pas partie du vocabulaire des protestants. Selon eux, Dieu seul est saint et agit partout de la même façon. Aucun endroit, monument ni objet n’est par conséquent susceptible d’être le lieu d’une dévotion particulière. Ils se fondent notamment sur cette parole de Jésus rapportée par l’évangile de Jean (chap. 4, v. 21-23) : « … l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père (…) Mais l’heure vient (…) où les véritables adorateurs adoreront le Père dans l’esprit et la vérité ». Cela n’empêche pas les héritiers de la Réforme de se rendre sur des lieux importants de leur mémoire. En cela, ils ne font que perpétuer une tradition du judaïsme ancien, puisque aussi bien l’Ancien que le Nouveau Testament attestent de la pratique des pèlerinages, à Jérusalem ou ailleurs.
Le tourisme spirituel en plein essor
Parmi les destinations favorites des protestants, citons les voyages en Israël ainsi que ceux sur les traces des Réformateurs et autres figures importantes du protestantisme (Jean-Sébastien Bach, Jean-Frédéric Oberlin ou Albert Schweitzer, par exemple). Sans oublier le musée du Désert dans les Cévennes, où se rassemblent chaque premier dimanche de septembre des centaines de personnes à l’occasion d’un culte célébré dans ce haut lieu de la résistance huguenote. Le besoin de prendre du recul par rapport à sa vie quotidienne, la quête de racines expliquent en grande partie l’intérêt pour ce tourisme spirituel. À l’heure du virtuel et du dématérialisé, jeunes et moins jeunes apprécient de se rendre sur des lieux bien réels, que l’on peut appréhender avec ses cinq sens. Sans compter les bénéfices d’une démarche souvent vécue avec d’autres. Cela explique vraisemblablement le succès des nombreux circuits, randonnées et autres initiatives, parfois insolites, qui permettent de découvrir les églises et les lieux emblématiques de la foi.