Son énergie lui est donnée par l’Esprit qu’il laisse entrer en lui. Sa souplesse provient d’une théologie profondément protestante qui sait s’adapter aux peuples et aux cultures qu’elle traverse. Son agilité se base sur une prédication forte et la communication qu’il manie à merveille. Le pentecôtisme avait donc tout pour réussir. Il aura suffi de 120 ans pour qu’il s’impose avec force dans le paysage protestant. On devrait parler au pluriel des pentecôtismes, tant ils sont divers en France comme ailleurs. Mais qu’il s’agisse de mission tzigane, des Assemblées de Dieu ou de communautés indépendantes, toutes sont issues des mouvements de 1901 et 1906 autour de Charles Fox Parham et William Joseph Seymour, un pasteur afro-américain qui donna l’impulsion de cette vague de réveil de la foi dans les milieux évangéliques.

Vibrer sous l’archet

Nombreux sont les protestants des Églises historiques qui apprécient peu les termes d’émotion ou de sensibilité, comme si cela ne se faisait pas. Les théologies pentecôtistes accordent en revanche une grande place à l’incarnation, au corps, dans la mesure où il est ouvert au souffle de l’Esprit qui le nourrit, le fait vibrer, l’inspire et l’ajuste à la volonté de Dieu. Le mouvement du corps lors d’une prière n’est autre que le reflet partagé de l’Homme vers Dieu et de Dieu vers l’Homme. Le parler en langue lui-même n’est que la suite logique de l’action directe de l’Esprit en soi, qui prend possession de l’existence du chrétien ; un traducteur est présent pour interpréter les paroles prononcées. D’une certaine manière, la foi passe par l’esprit et par le corps, comme le violon vibre sous l’archet pour produire un témoignage de sons qui se traduisent en musique.

Fondation biblique

L’Esprit placé au cœur de l’expérience du chrétien va fonder et constituer les communautés pentecôtistes, autour de pasteurs et de prédicateurs. L’importance des ministères y est essentielle, car elle se fonde sur la Bible, notamment les écrits de Paul concernant les dons. Parmi eux, le discernement, la prophétie et surtout la guérison, dont toutes les communautés font état d’une manière ou d’une autre. Qu’elle soit psychique, relationnelle ou corporelle, la guérison s’inscrit dans la réalité de la vie du croyant comme un des effets directs de Jésus, reconnu comme sauveur, baptiseur et guérisseur. La doctrine est ici paulinienne, les théologies pentecôtistes se basant sur les fondamentaux du protestantisme que sont le salut par grâce, le sacerdoce universel et l’autorité de la Bible. L’importance de la lecture biblique est d’ailleurs partagée par toutes les mouvances, exercée de manière plus ou moins littérale ou symbolique, elle est toujours en lien avec la vie de foi du chrétien.

Autonomie et expansion

Rassemblées autour du pasteur, les communautés se découvrent autonomes les unes des autres dans la pratique et se relient entre elles souvent plus par nécessité que structure. Il est donc très difficile de se faire une idée globale du pentecôtisme, parfois considéré comme une nébuleuse. D’autant que des tensions peuvent naître dans les rapports entre mouvements. Certains issus d’un second puis troisième réveil sont très proches de milieux charismatiques libres. D’autres ont choisi de s’unir dans des fédérations, dont les Assemblées de Dieu, elles-mêmes membres de la Fédération protestante de France. Cette autonomie tient avant tout à l’importance donnée à l’expérience de vie personnelle et à la célébration du culte.