L’œcuménisme se vit dans les discussions théologiques depuis très longtemps. D’une certaine manière, les grands conciles œcuméniques, appelés ainsi à cause de la réception dont ils ont bénéficié, ne s’apparentent-t-ils pas déjà à une recherche de ce type : mieux se comprendre entre évêques ne partageant pas les mêmes points de vue ? Certes, l’époque était plus à l’anathème qu’au consensus différencié actuel (dire la même chose de manière différente).
Plus proche de nous, la Première puis la Deuxième Guerre mondiale ont jeté ensemble dans des tranchés puis des camps des générations de différentes nationalités et confessions. Cette expérience allait donner un second souffle à l’œcuménisme. Après avoir prié, chanté, célébré, prêché ensemble, tout cela allait-il disparaître aux retours dans les foyers ?
Il n’en a rien été : la pression était même encore plus forte sur les théologiens pour faire advenir du neuf. Les générations suivantes allaient faire de même, dictant leurs convictions aux Églises parfois encore embourbées dans leurs questionnements. À l’attrait de la nouveauté que constituait, il y a trente ans, les échanges de chaire pendant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, s’est substitué une attente d’action commune tout au long de l’année : études bibliques certes, mais aussi engagements diaconaux, banques alimentaires, cercles de silences…
Le pape François, dans sa communication, a intégré ces nouvelles dimensions en prônant un œcuménisme de terrain, renvoyant chacun à sa conviction intérieure et à sa lecture de l’Évangile.
Certes, les débats théologiques vont continuer mais, en d’autres lieux, le peuple de l’Église n’aura pas attendu pour se mettre au travail. Quoi de plus normal dans une société où l’être humain tend à devenir de plus en plus sa propre norme, où il s’engage de plus en plus sur des projets comptés et non au long cours ?