Elle ne s’est pas vu passer toute sa vie à gérer des conflits matériels. À 33 ans, Manon Soubeyran a quitté depuis peu son cabinet d’avocats d’affaires pour la Fédération de l’Entraide protestante comme déléguée régionale pour la région Île-de-France.

Une passion dès le plus jeune âge, le scoutisme

Dès son enfance, le scoutisme lui offre le cadre d’un engagement qu’elle marquera peu à peu au sein du protestantisme en gravissant tous les niveaux de responsabilité. Louvette, éclaireuse, responsable, puis membre de la Fédération internationale des guides et éclaireuses et des mouvements de jeunesse, elle acquiert là une ouverture claire sur le vivre ensemble. « Je considère que mon engagement vers une éducation populaire est né de cette vie dans la nature que propose le scoutisme », explique-t-elle, dynamique. Elle se met alors avec ardeur au service des jeunes, par des actions sociales tournées vers la jeunesse en partenariat avec des associations sociales chrétiennes, dont le Secours catholique. C’est donc naturellement qu’elle est attirée par la FEP, ses va leurs et ses activités en direction des plus fragiles. Dans cette grande fédération qui regroupe 360 associations, la parole est libre. Manon peut mettre son enthousiasme la mise en œuvre des valeurs qui lui tiennent à cœur : la recherche du dialogue, du compromis si nécessaire, dans la société d’aujourd’hui.

Déléguée régionale pour l’Île-de-France

La Fédération est alors divisée en cinq instances régionales. L’ensemble regroupant la Normandie et l’Île-de-France est trop vaste avec des entités très particulières. Lorsque cette région se scinde en deux, Manon devient déléguée régionale pour l’Île-de-France. Déléguée et non plus secrétaire régionale. « Les appellations d’autrefois ont évolué », explique-t-elle, « car le travail n’est plus du secrétariat à l’ancienne, mais consiste beaucoup plus en coordination, en dialogue entre les diverses actions à mener et les partenaires ».

Comment peut-on faire se rencontrer et travailler ensemble autant de personnes ?

Une rapide lecture des sept grands domaines d’action de la FEP montre toute la diversité des besoins et du travail de coordination à mener : l’accueil de l’étranger, l’enfance et la jeunesse, l’entraide locale, le handicap, la lutte contre les exclusions, les personnes âgées, le domaine sanitaire. « Ce qui me tient tout particulièrement à cœur », continue Manon, « c’est le secteur qui touche l’enfance et la jeunesse : la protection de l’enfance en lien avec l’éducation pour tous, les besoins d’autonomie pour des 18-25 ans qui sont pour beaucoup en difficulté ».

Mais comment concilier les priorités d’actions pour les jeunes ou pour les aînés, celles d’associations du monde médico-social, des EHPAD, des entraides de paroisses, le monde du privé non lucratif ? Manon jongle avec les compétences nécessaires à trouver, la vision de l’ampleur des besoins, la nécessité d’une coordination des aides existantes. Et puis il y a encore des sujets aussi vastes que l’accueil de l’étranger avec les deux chantiers en cours pour renforcer des couloirs humanitaires et aider à l’obtention des titres de séjour ; et puis l’aide aux personnes en précarité alimentaire qui est d’une urgence particulière en ces temps difficiles, et puis…

Son dynamisme et son sens du besoin de spiritualité dans le monde actuel sont peut-être des raisons de son arrivée à la FEP. Car cette habituée de l’animation est la moitié de son temps sur le terrain et l’autre en coordination de réunions pour des associations. Ce qui l’anime, en plus de son enthousiasme communicatif : son sens du lien mis au service des plus fragiles.