Nous sommes dans une saison de l’Histoire où les identités se construisent dans l’opposition et la violence, pas uniquement sur la scène politique. Nous nous retrouvons spectateurs atterrés d’une actualité qui nous polarise : si l’on s’émeut de la mort d’un enfant palestinien, les pourfendeurs de l’antisémitisme se préparent à nous lapider, et si l’on s’émeut de la mort d’un enfant israélien, ceux qui se disent anticolonialistes s’apprêtent à nous traiter de fascistes. Dans ce contexte, l’Église de Christ saura-t-elle manifester que Jésus a proposé un modèle paisible et viable pour expérimenter pacifiquement l’unité malgré la diversité ?

Comment l’Église de Christ peut-elle offrir au monde une espérance concrète et vécue d’unité dans la diversité ? Cela commence au ras du réel : comment, en tant que réformé, puis-je encourager mes frères et sœurs catholiques dans leur mouvement actuel de dénonciation et d’éradication de la maltraitance, notamment du clergé ? Comment puis-je en être solidaire sans les affliger plus encore du haut de cette certitude hautaine que le protestantisme est quand même bien plus équilibré ? Comment participer au ménage de ma propre maison ? Comment puis-je être à la fois solidaire des victimes et intercesseur pour les bourreaux, ou pour une institution manquant parfois de courage ? Évidemment il est facile de voir tout ce qui fonctionne mal chez les autres : l’abbé Pierre ou d’autres dans l’Église romaine, Mammon et les manipulateurs chez les évangéliques, la compromission avec l’État chez les orthodoxes. C’est si évident. C’est si facile. C’est tellement… primaire de réduire l’autre à ses travers.

La dimension collective de la foi

Vivre la diversité de l’Église, c’est assumer qu’un dysfonctionnement de l’Église d’à côté est aussi mon dysfonctionnement, et que j’en suis solidaire (au sens juridique) simplement à […]