Depuis de nombreuses décennies, sans doute même depuis la Seconde Guerre mondiale, l’œcuménisme a fait des pas de géant. Vatican II fut historique de ce point de vue. Après des siècles de conflits, parfois armés, le dialogue a enfin pris sa place. Et c’est heureux. Pourtant, depuis quelques années, un sentiment diffus s’est installé : il existerait comme un coup de froid, comme un frein aux « avancées » du passé. Pour les protestants, il faut ajouter une réalité : 80 % des mariages que nous célébrons sont « mixtes », c’est-à-dire protestant-catholique. L’œcuménisme est devenu une réalité sociale pour nous. Pourtant, l’hospitalité eucharistique pose toujours un problème du côté catholique.
Il nous faut peut-être changer notre regard sur l’œcuménisme. Le travail théologique accompli depuis longtemps a permis une meilleure connaissance mutuelle. On s’est éloigné des caricatures. Mais il est vrai que la personnalité des papes peut être un frein ou un accélérateur. Jean-Paul II ne fut pas un pape œcuménique. Il publia plusieurs textes (d’ailleurs signés de Joseph Ratzinger devenu Benoît XVI) qui déconsidéraient les Églises protestantes et qui réaffirmèrent que la Vérité était « en dépôt » dans l’Église catholique romaine.
Relever ensemble les défis du siècle
Il y aura encore des dialogues, et encore des avancées, mais vers quoi ? Le but est-il de nous mettre tous d’accord ou de prendre la mesure de nos différences et de les accepter simplement comme légitimes ? Être frères et sœurs ne signifie pas être nécessairement […]