Pour…
« Pour plus de visibilité », par Élisabeth Renaud
La tendance, depuis quelques années, est l’abandon pur et simple du port de la robe pastorale par nos chers pasteurs. D’autres acceptent avec réticence de revêtir cet attribut vestimentaire sur demande expresse lors d’une cérémonie particulière. C’est vraiment parce que vous y tenez, peut-on lire dans leur regard. Certes, un pasteur est un laïc, certes, la robe noire n’est pas un vêtement liturgique mais alors, comment distinguer un pasteur d’un non pasteur lors d’une célébration œcuménique par exemple ou lors d’un mariage mixte ? Le prêtre sera parfaitement reconnaissable dans son vêtement adapté à la circonstance, le pasteur non.
À l’heure (enfin, une heure qui dure depuis 2006 !) où le mot d’ordre est la visibilité, comment ne pas être révoltée lorsque, lors d’une célébration œcuménique télévisée, tous les représentants des religions sont nommés un à un : le prêtre, l’imam, le rabbin, le pope, parfaitement identifiables dans leur vêtement ecclésial, défilent sous les yeux de milliers de spectateurs, accompagnés de la voix off du journaliste déclamant nom et fonction des personnalités. Tous ? Non. Le pasteur n’a pas été nommé, il est resté dans l’ombre et pourtant, il était là, car la protestante que je suis l’avait reconnu. Mais est-ce cela la visibilité ? Être visible des protestants seuls ? Et quel meilleur accessoire peut attirer l’attention du quidam ou du journaliste si ce n’est la robe pastorale ?
Contre…
« Une robe communautaire », par Christophe Jacon
Il est de tradition d’offrir au jeune pasteur reconnu dans son ministère une robe pastorale. À sa taille… en tout cas pour quelques années ! Parfois, elle est même l’œuvre de couturières de la communauté. Une vraie mobilisation collective sur plusieurs mois. La robe mériterait alors d’être, non pas personnelle, mais communautaire. Cela aurait d’ailleurs plus de sens !
Car si la robe pastorale est réservée au seul pasteur, alors c’est un retour du clérical dans notre ecclésiologie. S’il faut avoir fait dix ans d’études de théologie, s’il faut connaître sur le bout des doigts l’hébreu, l’araméen, le copte et le grec pour annoncer l’Évangile le dimanche matin au culte, alors qui peut prêcher ? Personne ! Où est le sacerdoce universel ? Enseveli sous des tonnes de cléricalisme. Cette robe n’est pas un habit clérical. Bien plus que la robe doctorale, elle est le signe que celui qui parle annonce la parole vivante de Dieu. Certes, après l’avoir travaillée, mâchouillée, combattue. Mais cela, nous proclamons dans notre Église que n’importe quel prédicateur reconnu par le Conseil presbytéral et appelé à ce ministère peut le faire. Alors rien, rien n’empêche que tous les prédicateurs portent la robe pastorale. Que vienne enfin ce jour pour que moi aussi je puisse la porter !
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