L’histoire française a montré que, globalement, les protestants ont toujours défendu les juifs, même s’il est indéniable que tous n’ont pas défendu Dreyfus… Cela reflète la réalité d’une société gangrenée par l’antisémitisme. Or, cette maladie sociale ressurgit encore aujourd’hui. Le positionnement des Églises protestantes est clair dans leur volonté de combattre l’antisémitisme sous toutes ses formes. Ce « philosémitisme » (aimer le peuple juif) peut s’expliquer par trois raisons fondamentales : le christianisme est une religion sémite, le judaïsme et le protestantisme sont des minorités, et la redécouverte du texte biblique par les Réformateurs.

Comme nous le rappelons dans un article publié sur reforme.net, le christianisme est sémite, puisqu’il fut d’abord l’un des mouvements juifs du Ier siècle, avant de devenir une autre religion au IIsiècle. Mais il a parfois oublié ses racines et généré un antijudaïsme (considérer cette religion comme inférieure) qui a nourri l’antisémitisme (considérer le peuple juif comme inférieur). La deuxième raison du philosémitisme protestant est d’avoir partagé le fait d’être des minorités, parfois pourchassées. La sensibilité à la justice et le combat contre tous les racismes font partie, en profondeur, de la culture protestante. Il ne s’agit pas pour autant de s’auto-glorifier. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il faut distinguer les positions officielles des Églises, notamment en faveur des juifs, et ce qui fut parfois vécu par les uns ou les autres. Comme dans toute la société, il y eut des hésitations et des zones d’ombre. Mais on doit ici rappeler certaines actions emblématiques, notamment celles des réseaux ou des lieux qui permirent de sauver des juifs, comme au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire.

L’influence de la sola scriptura

La troisième raison du philosémitisme protestant est plus théologique. En affirmant le principe de « l’Écriture seule », les Réformateurs ont remis le texte au cœur de la foi et de la vie de l’Église. Du coup, la Bible doit être étudiée dans les langues originales, l’hébreu et le grec, pour revenir aux origines mêmes des livres bibliques. Auparavant, on se contentait d’utiliser la […]