Ils préfèrent réserver leurs prières pour les vivants. Historiquement, cette idée était portée par la prédestination qui pense que le salut d’une personne est décidé de toute éternité et qu’on ne peut rien y changer.
De nos jours, la prédestination apparaît scandaleuse à beaucoup, car elle est comprise comme une négation de notre liberté. Il faut entendre qu’au seizième siècle, elle était une libération. La confession de foi de l’Église anglicane dit à son sujet : « La méditation religieuse de la prédestination et de notre élection en Jésus-Christ est pleine d’une douce, agréable et inexprimable consolation pour les personnes pieuses. » La prédestination était une consolation, car elle libérait le croyant de la peur du jugement. Comme le message central de l’Évangile est que Dieu est amour, le croyant pouvait s’enraciner dans la confiance d’un amour plus grand que ses fautes et ses errances.
De nos jours, beaucoup de protestants sont allés jusqu’au bout de cette idée en pensant que tous les humains sont accueillis par Dieu non pas en raison de leur vertu, mais de son amour. C’est le sens théologique de la croix qui est comprise comme le point ultime de l’amour de Dieu qui se donne pour tous les humains (Rm 5.8-9). Le don de Dieu n’est pas une idée, mais un acte qui a été posé sur lequel nul ne peut revenir. Les protestants ne prient pas pour les défunts, car cela reviendrait à leurs yeux à penser qu’il manquerait quelque chose au don de Dieu.
Si la prière pour les défunts n’est pas juste théologiquement, elle répond à un besoin. Lorsqu’on a perdu un proche, on a encore envie de faire quelque chose pour lui. Quand on est croyant, on est tenté de […]