En 1980, le grand théologien libéral qu’a été Bernard Reymond (dit Bibus) publia un livre fort controversé : Une Église à croix gammée ? Le protestantisme allemand au début du régime nazi (L’Âge d’Homme). Il y montrait des théologiens libéraux beaucoup moins inféodés au nazisme et au mouvement des Deutsche Christen que voulaient le faire croire les barthiens alors dominateurs. Au plan historique, l’historien lausannois avait largement raison. Mais le ton employé et ses conclusions théologiques étaient si discutables que je me saisis derechef de ma plume la plus aiguisée pour le remettre à sa place, défendant, au grand plaisir de mes amis barthiens et bonhœfferiens, notre « droit de dénoncer l’erreur » (Les Cahiers protestants, 1980). Ma critique était si vive et si directe qu’elle lui valut même un droit de réponse ; en bon français, nous nous écharpâmes joyeusement.
Huit ans après, Bibus m’encouragea et me soutint dans ma […]