Françoise Smyth-Florentin nous a quittés le 27 novembre, à l’âge de 92 ans. Elle a enseigné pendant un quart de siècle l’Ancien Testament à l’Institut Protestant de Théologie, à la faculté de Paris. Par son engagement théologique et intellectuel ainsi que par son humanisme, elle a profondément marqué des générations de pasteurs, de théologiens et toutes celles et tous ceux qui ont eu l’immense chance de la rencontrer et de suivre ses cours ou séminaires.

Formée d’abord dans les langues d’Extrême-Orient, Françoise Smyth s’oriente bientôt vers la théologie protestante, à la suite de rencontres avec Pierre Maury dont elle a d’ailleurs rédigé une biographie. Elle apprend les sciences bibliques à Lausanne (avec Pierre Bonnard) et à Montpellier (avec Wilhelm Vischer). Elle a également passé une année à l’école biblique et archéologique de Jérusalem, ce qui lui donna l’occasion de s’initier à l’archéologie et de participer aux fouilles du père Roland de Vaux à Qumrân. Elle soutient sa thèse de doctorat en 1966 sur les hymnes des textes qumrâniens et devient en 1972 professeur d’Ancien Testament à la Faculté de Paris, fonction qu’elle occupera avec bonheur jusqu’à sa retraite. Avant de devenir la première professeure à la Faculté de Théologie (elle n’y fut pas accueillie chaleureusement par tout le monde), elle a occupé le poste de secrétaire nationale de la Fédération française des associations chrétiennes d’étudiants et a marqué profondément les équipes de recherche biblique (ERB) de la Fédération protestante de France.

Le texte biblique comme essence du protestantisme

Françoise Smyth était convaincue que l’essence du protestantisme est le texte biblique, que tout un chacun doit et peut comprendre. Ainsi, elle a organisé de nombreux ateliers dans toute la France proposant des initiations à l’hébreu et à la recherche biblique à un public très diversifié. D’un autre côté, elle a été une interlocutrice appréciée de nombreux intellectuels, comme Mohammed Arkoun, Marcel Detienne, Paul Ricœur et bien d’autres.

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