Au 54 de la rue des Saints-Pères (Paris 7e), non loin de l’église ukrainienne Saint-Volodymyr-le-Grand et de l’église Saint-Germain-des- Prés, récemment restaurée, se trouve la Bibliothèque du protestantisme français. Dans ce bel environnement œcuménique, cette bibliothèque est aussi un centre de documentation pour les chercheurs. Installée depuis 1885 (en hommage au bicentenaire de la Révocation de l’édit de Nantes) dans ces locaux, elle est riche d’une belle collection de livres, d’images et de documents.
De l’ombre à la lumière
Depuis la rue, on se trouve dans une cour et, en haut d’un petit escalier et d’un perron, la porte est surmontée d’une devise : « Post tenebras lux » (« Après les ténèbres la lumière »), ce qui invite à l’espérance. La devise évoque aussi les nombreux travaux de décontamination, de dépoussiérage, de réorganisation des locaux entamés depuis 2012. Sans parler de la numérisation des documents, du rangement et de l’installation d’un ascenseur, toutes opérations qui demandent un travail de longue durée : il faut adresser un grand merci aux personnes qui facilitent ainsi le travail des chercheurs et visiteurs.
Sous le regard de grandes figures du protestantisme
La salle de lecture est une haute salle : au premier niveau les tables pour les lecteurs, le bureau pour la personne qui renseigne ; à ce même niveau, des portraits de grands personnages de l’histoire du protestantisme : Gaspard de Coligny et Agrippa d’Aubigné. Le premier, d’abord amiral puis à la tête de l’armée protestante durant les terribles guerres de religion du XVIe siècle ne fut-il pas assassiné sauvagement le 24 août 1572 lors de la Saint-Barthélémy, ce qui déclencha l’une des plus Agrippa d’Aubigné, est un grand écrivain avec ses Tragiques, vaste épopée en sept livres, qui raconte de manière à la fois lyrique et polémique cette période de déchirements. Les références bibliques, les images saisissantes y sont très nombreuses. Dans une salle voisine où nous furent montré des documents uniques, des manuscrits et autres objets liés à l’histoire de notre religion, il y a aussi des portraits, notamment ceux de Théodore de Bèze, l’un des premiers traducteurs de la Bible, porte-parole de la Réforme en France au colloque de Poissy et successeur de Calvin à Genève, ainsi qu’un portrait du théologien allemand Philipp Melanchthon, qui fut proche de Luther, à la fois secrétaire et diplomate.
Un trésor (plus ou moins) caché
La face cachée de la Bibliothèque, c’est bien sûr le sous-sol, où les travaux contre l’humidité, l’absence de ventilation s’accompagnent de l’installation d’un endroit pour classer et numériser. Des bibliothèques coulissantes nombreuses permettent le rangement des non moins nombreux registres de paroisses (presque toutes les versions du protestantisme y sont présentes, nous a-t-on précisé). C’est un lieu à visiter tant il est chargé d’histoire, tant il donne de possibilités aux lecteurs-chercheurs, tant la Société de l’histoire du protestantisme français y attache d’importance comme en témoignent les colloques et conférences que l’on peut y écouter.
Par Robert Churlaud
Bibliothèque du protestantisme français 54, rue des Saints-Pères 75007 Paris Téléphone : 01 45 48 62 07 Mèl : shpf@shpf.fr Heures d’ouverture : mercredi, jeudi, vendredi de 10 h à 17 h 30. Tous publics, carte de lecteur payante.