Née en Perse (actuelle Iran) au milieu du XIXe siècle, la religion bahaïe est issue d’un courant chiite critique à l’égard du rigorisme du clergé dominant de l’époque. Cette nouvelle communauté est convaincue de l’arrivée imminente du mahdi, « celui qui montre le chemin ». Cette attente messianique se concrétise d’abord en 1844 avec un jeune marchand de la ville de Chiraz, Sayyid Ali Muḥammad Sirazi. Il se fait appeler le Bab « la porte » et annonce la venue d’un nouveau messager de Dieu. Proclamant une religion et une société nouvelles qui se détachent de l’islam, le Bab est fusillé en 1850. S’en suivent des querelles de succession. C’est Murza Husayn Ali, fils d’un ministre du Shah, qui revendique en 1863 être le prophète annoncé. Il se déclare Baha u’llah « splendeur de Dieu » et fonde la religion bahaïe. Exilé à partir de 1868 à Saint-Jean d’Acre en Palestine ottomane (actuelle Israël), il y écrit la majorité de son œuvre.

Un seul Dieu

Refusant tout prosélytisme, « les croyants doivent servir l’humanité et réunir les communautés en une seule foi, explique Lucien Crevel, membre de l’Assemblée spirituelle nationale des bahaïs de France. Il n’y a qu’un seul Dieu et une seule religion, celle du créateur du monde et de l’humanité qui nous envoie des guides au fil des âges. Baha’u’llah est donc un messager comme Jésus, Mahomet ou Bouddha ». S’inscrivant dans la continuité des révélations des autres religions, le message du Baha u’llah ajoute néanmoins douze principes « nouveaux » parmi lesquels l’égalité des droits de l’homme et de la femme, l’élimination de toutes formes de préjugés, la fin des extrêmes de richesse et de pauvreté, l’éducation pour tous et la tolérance religieuse. Le bahaïsme ne se singularise pas des courants majoritaires des principales religions en plaçant la famille comme base de la société. Parmi les commandements de Baha u’llah, on trouve l’interdiction de relation sexuelle avant le mariage et de la consommation d’alcool. Le jeûne alimentaire est lui aussi pratiqué.

Six millions de croyants

Le bahaïsme revendique être « la deuxième religion dans le monde après le christianisme, en terme d’étendue géographique. » Néanmoins, avec ses six millions de croyants, les bahaïs représentent moins de 1 % de la population mondiale loin derrière les chrétiens (30 %), les musulmans (20 %) et les hindous (13 %).

Lors de la dernière élection en avril, neuf membres ont été élus à l’instance mondiale, la Maison universelle de justice, située sur le mont Carmel en Israël, pour cinq ans. « Il n’y a pas de liste ni de candidature, précise Nicole Marécaux, membre de la communauté bahaïe d’Alsace. Les élections bahaïes diffèrent totalement des systèmes électoraux que l’on connaît. Les personnes qui ont été élues sont au niveau le plus élevé de dévouement et de service et non pas au niveau le plus élevé du pouvoir. »

Des bahaïs à Strasbourg dès 1958

La présence des premiers bahaïs à Strasbourg remonte à 1958 et son premier centre régional à 1984 . La communauté participe au dialogue interreligieux et fait partie de l’association strasbourgeoise Le Pont, elle-même membre du Comité interreligieux de la Région Grand Est.

Baha u’llah ne souhaitant pas l’instauration d’un clergé, « chacun est appelé à mettre ses compétences et son temps au service de la foi », précise Nicole Marécaux. L’éducation à la foi comprend la classe des vertus pour les enfants de 6 ans à 12 ans ; puis, de 12 à 14 ans, des activités qui mêlent réflexion, services rendus aux autres et ateliers artistiques. Pour les adultes, des cercles d’étude et des réunions de prière ont lieu. Des actions sociales sont également réalisées. L’Institut français de formation bahaïe à Paris coordonne au niveau national cette offre de formations et d’activités basées sur les écrits bahaïs.