Depuis quand êtes-vous élu municipal ?

Thierry Voitellier : Je me suis présenté aux élections municipales en juin 1995 avec cinquante-trois amis, dont le plus âgé avait vingt-trois ans. Nous étions pour la plupart issus du scoutisme. Nous avons pu nous lancer dans cette aventure parce qu’en juin, les examens étaient terminés.

Quelles sont vos motivations ?

L’objectif était de faire bouger Versailles, tout en ayant la volonté de servir. Le scoutisme unioniste a été et demeure d’une grande influence. L’Évangile éclaire les décisions éthiques. Le protestantisme conduit à une rigueur et une sensibilisation à la question de la liberté individuelle.

Et les choses bougent ?

Oui. A l’époque, nous avons notamment poussé au développement des pistes cyclables, bien avant la mode ! L’intérêt de la démocratie locale est d’être dans le concret : rencontrer les habitants, les écouter, transmettre aux services municipaux. Au niveau local, il existe des moyens pour faire évoluer une situation, améliorer la qualité de vie.

En quoi consistent les affaires générales ?

Cela concerne un vaste domaine, comprenant notamment l’état civil, les élections, certains droits des étrangers (cartes de résident, visas touristiques), les affaires juridiques… S’agissant de modifications de prénom, il faut juger si la demande est justifiée : changement de sexe ou désir d’un prénom inhabituel. Pour les cartes de résidents, il faut apprécier la maîtrise de la langue et l’intégration républicaine. En matière de mariage, veiller à la réalité des intentions matrimoniales. Dans les affaires générales, entrent également les relations avec les cultes, notamment lors de l’organisation des processions, lesquelles paraissent se multiplier et sont sources de protestations. C’est alors le représentant de la République qui doit rappeler la liberté de culte et de manifester sa foi tant qu’il n’y a pas de trouble à l’ordre public… sans oublier la fraternité !

Cela rejoint la sécurité ?

Oui, mais elle englobe également la sécurité des personnes et des biens, c’est-à-dire la prévention des risques pour les établissements recevant du public, la direction de la police municipale, les relations avec les services de secours et de la police nationale… Les obligations ont augmenté depuis les attentats. Tant que le préfet ne prend pas les choses en main, les maires dirigent les opérations de secours, le cas échéant en déclenchant le plan communal de sauvegarde. Un adjoint est d’astreinte chaque semaine pour intervenir en cas d’urgence, notamment pour reloger les sinistrés d’un incendie. Les réveils nocturnes sont fréquents.

Est-ce compatible avec la vie professionnelle ?

L’avantage d’une profession libérale est qu’il est possible de travailler la nuit et les week-ends. En outre, je suis sur place : domicile, bureau, mairie, tribunal sont dans un périmètre restreint. De plus, les services municipaux sont efficaces et ont une vraie culture de service public : les agents sont motivés et viennent spontanément quand il y a un coup dur.

Et votre travail d’avocat ?

J’interviens principalement en contentieux de la responsabilité, de l’indemnisation des victimes d’infractions, notamment à la suite d’accidents ou d’agressions. Il y a des cas douloureux, par exemple celui d’un accident dû seulement à la malchance : l’auteur est poursuivi en justice. Quel est alors le sens d’une condamnation ? Le risque zéro n’existe pas. La justice est un moyen de régulation sociale, ce n’est pas la Justice divine. En défendant des personnes, on défend aussi des valeurs. Et votre famille ?

Cet engagement est lourd pour elle… Nos trois enfants de « couple mixte » suivent le catéchisme de nos deux Églises. L’objectif est la transmission d’une culture chrétienne