Esther connait personnellement tous les enfants de la frat et aussi tous les adultes, bénévoles ou participants. Mais, elle n’est pas très bavarde sur elle-même. Je suis née à Lyon, j’ai grandi en Martinique et j’y suis restée jusqu’au bac. Au lycée, elle aime le latin, les arts plastiques, et elle saisit l’opportunité d’apprendre le langage des signes. Le bac en poche, elle revient en France. À la fin de ses études dans le domaine de la logistique du transport, elle est embauchée comme agent d’exploitation dans une société de transport routier de marchandises. Son rôle est d’organiser les affrètements, les trajets, les cargaisons, les livraisons, les emplois du temps des chauffeurs… Las, l’entreprise ne résiste pas à la crise de 2009. À Trappes, où elle vient habiter alors, elle reprend une formation pour développer ses compétences en secrétariat. Pour moi l’apprentissage dure tout au long
de la vie, donc je n’ai peut-être pas fini ! dit-elle.

Pour entretenir ses connaissances et rencontrer des gens pendant une période de chômage, pourquoi ne pas s’engager dans le bénévolat ? À cette époque, sa mère vient séjourner en vacances chez Esther, et elle encourage fortement sa fille à ne pas rester inactive. Membre de l’Église adventiste du septième jour, cette maman est très impliquée dans divers engagements associatifs (visiteuse de prison … ). Elle insiste et finit par convaincre Esther qui entreprend de chercher sur internet des associations où elle pourrait se rendre utile. Curieusement, ses recherches ne lui révèlent à Trappes, qu’une seule association dans le domaine social : la Fraternité Mission Populaire. Alors qu’il y en a d’autres comme elle le découvrira par la suite.

Organisation, initiative, imagination

C’était sûrement le doigt de Dieu, dit-elle discrètement. Esther prépare une lettre de candidature mais hésite encore : comment ferait-elle du bénévolat alors qu’un salaire lui est indispensable pour vivre dignement et élever convenablement sa fille ? Elle finit tout de même par se présenter à la Miss Pop où elle est fort bien accueillie : les bonnes volontés sont toujours les bienvenues ! Et rapidement la nouvelle bénévole fait preuve de précieuses aptitudes : organisation, initiative, imagination, contacts faciles et chaleureux, autorité bienveillante avec les enfants, égalité d’humeur. Cette bénévole est un cadeau du ciel, dit la directrice. J’étais de plus en plus fascinée en voyant ce qui se faisait dans cette association, raconte Esther. J’en suis venue à me dire : je veux travailler avec eux. En plus, j’ai découvert qu’une des bénévoles déjà présente était membre de la même Eglise adventiste que moi , dit-elle discrètement.

Aussi, quand deux mois plus tard l’association cherche à remplacer une salariée en fin de contrat, Esther est une candidate toute trouvée. Embauchée, son efficacité se déploie, elle est à l’aise et chaleureuse avec tout le monde et, cerise sur le gâteau, elle travaille avec un plaisir évident : J’aime bien venir. Avant tout, je fais les choses que j’aime faire et si je me sens oppressée ou étouffée je change. Mais ici, je fais comme si je le faisais pour moi. D’un point de vue professionnel c’est un saut d’un secteur à un autre. Jusqu’à présent j’ai rencontré des personnes avec des histoires qui enrichissent mon parcours. Méthodique et consciencieuse, elle reconnait : J’ai besoin de finir ce que j’ai commencé, alors je ne vois pas le temps passer. Et quand la directrice lui rappelle qu’il est l’heure de partir, Esther répond : Oui, mais c’est l’heure où je commence mon bénévolat ! Et elle ajoute : La Miss Pop est fondée sur des valeurs que je partage et je crois qu’elle a plus à m’offrir que moi à lui apporter.