Son union avec une Américaine catholique nourrit sa foi et sa vie.

Henri est issu de deux des principales familles protestantes de France : l’Alsace par son père, les Cévennes par sa mère. Sa foi, avant de devenir décision personnelle, est d’abord une affaire d’enracinement et de tradition. À 18 ans, il est appelé au Conseil presbytéral de l’Église de Paris-Luxembourg dans lequel, il reste dix ans jusqu’à la fin de ses études. Dans les années 90, il s’installe dans le 20e  arrondissement où il découvre la paroisse de Béthanie. Il en devient conseiller presbytéral, puis président du Conseil.

Diplômé de l’École des chartes, Henri y a soutenu sa thèse sur le protestantisme en France au XVIe  siècle. Son lien avec l’Histoire du protestantisme est toujours actuel, puisqu’il est l’un des vice-présidents du comité de la SHPF (Société de l’Histoire du protestantisme français). Sa participation à la vie d’Église est également très marquée par son mariage avec une catholique, première absolue dans leurs deux familles. Avec son épouse, ils découvrent avec surprise et respect, le monde spirituel de l’autre. Les échanges profonds et durables qu’Henri a noués avec le cercle d’hommes et le groupe d’étude biblique de la paroisse catholique anglophone de Saint-Joseph à Paris, lui ont permis de découvrir le catholicisme renouvelé de l’après Vatican II. Dès lors, il perçoit que catholiques et protestants sont finalement très proches malgré les positions officielles et institutionnelles, dans ce monde où l’identité veut s’opposer à l’ouverture. « J’ai intégré toute la dimension de la relation individuelle à Dieu. Mais, cet individualisme ne résiste pas au message du Christ, car faire Église, c’est être le corps du Christ, et donc partager sa foi avec les autres ».

Sa foi change son regard

Henri a confiance. « Dieu m’accompagne à travers ma vie, mes joies, mes temps de douleur, mes rencontres ». Sa foi voudrait être une remise en cause permanente du monde dans lequel il vit. Mais pour lui, la difficulté est de traduire en actes ses interrogations et ses révoltes. Selon lui, le premier message à retenir du Christ est qu’il est venu pour les exclus de son temps, l’aveugle, la femme adultère, le paralytique, la courtisane. Et avant de se révéler comme Dieu, il s’est révélé comme étant avec eux. C’est-à-dire que Jésus a bouleversé les codes et la morale de son temps pour dire que l’amour de Dieu va au-delà. La foi d’Henri le rend méfiant à l’égard des idéologies. Elle l’amène à regarder sans complaisance, les programmes politiques à chaque élection. Avec le souci que les plus humbles soient pris en compte, pas les chanceux de la vie dont il fait partie. Les réponses simples, voire simplistes des extrêmes le braquent, parce que les situations humaines sont toujours complexes. « Nous avons la chance de vivre en France dans une démocratie, construite à travers bien des soubresauts. C’est un bien à défendre, car le vivre ensemble passe par l’expression de tous ». En cela, les Gilets jaunes le font penser aux cahiers de doléances de 1789. « N’oublions pas qu’une représentation ouverte de toute la société apparaît en France de façon régulière dans les assemblées politiques et les Synodes protestants dès les années 1560 ».