C’est une pratique qui s’était perdue dans le temps. « À la base, les protestants ont l’habitude d’emmener leur bible personnelle pendant les offices et de prendre des notes », rappelle Émily Huser, pasteure dans la commune de L’Hôpital. « Aux États-Unis, certaines bibles ont une énorme marge de six à sept centimètres, voire des pages blanches, pour permettre ces annotations », ajoute la jeune femme. Elle raconte avoir connu les bibles annotées de ses grands-parents qui témoignaient aussi des événements de la vie quotidienne. « Cette tradition s’est perdue. Pourtant, les protestants se réclament proches du texte et de la parole », remarque la pasteure.
C’est grâce aux réseaux sociaux, Instagram en particulier, qu’elle a redécouvert le Bible journaling. Malade pendant une longue période, Émily Huser s’occupe en illustrant d’abord un petit psautier, « grand comme une main ». « Cela m’a permis de tester les différentes méthodes d’illustrations : papier calque ou des jeux de transparence », se souvient-elle.
Illustrer les textes
L’idée : retranscrire et poursuivre en dessins, en mots, la lecture de certains passages de la Bible. Poser sur papier la méditation et les réflexions qui en découlent. « Le Bible journaling n’est pas destiné à être une activité de grands groupes, précise Émily Huser. Ce n’est pas la même aventure de le faire seul ou à plusieurs… ». Parmi les participants, des personnes âgées de 20 à 77 ans. « On apporte la technique, le matériel. La suite n’appartient qu’à la personne. Et elle n’aura pas à justifier ce qu’elle pense du texte et comment elle l’illustre », prévient la pasteure qui indique qu’une illustratrice a par exemple pris le parti de faire redécouvrir la Bible à travers le thème de Disney. Autrement dit : ce qu’on dessine nous appartient.
Les séances se déroulent comme suit : Émily Huser choisit un texte qu’elle introduit et lit. « Il y a ensuite un temps d’échanges. J’insiste toujours pour que chacun relise ses notes et en tire l’essentiel. Après, je propose des techniques pour l’illustrer : aquarelle, pastel à l’huile, etc. », explique la jeune femme. Et puis, il y a ces trois règles : « Le résultat n’appartient qu’à vous et Dieu. Il est souvent d’usage aussi de ne pas commenter ou commenter uniquement positivement sur les réseaux », insiste Émily Huser. « Il faut aussi qu’on voit dans le dessin ce qui a le plus porté la personne. Enfin, il faut dater sa création. » À vos pinceaux !