Cette fête ne sonne-t-elle pas faux dans notre laïcité ? Il fut un temps où la France était en conflit avec la religion. Ce fut sanglant. Les siècles passant, la République est devenue une chance pour chaque religion, y compris le christianisme. Dans ce cadre, il est donc possible que chacun vive sa tradition religieuse. C’est si important !
En tant que protestant de conviction et d’histoire, j’aime cette fête traditionnelle de l’Ascension du Christ. Elle s’est inscrite dans l’histoire de l’humanité, et chaque année, nous y revenons. Le calendrier lui fait honneur, les Églises aussi. Je crois que la tradition est un moyen de réforme de la société, et l’Ascension possède ses qualités propres pour créer du lien social. Elle s’enracine dans l’histoire commune et nous pousse à nous rencontrer en la fêtant.
L’Ascension nous rappelle des valeurs peut-être oubliées, nous défie sur d’autres événements à venir ; elle participe aux réformes de notre monde et de notre personne. Elle renforce ainsi le vivre ensemble dans l’univers chrétien et au-delà. L’Ascension n’est donc pas une fête vaine. Morceau du puzzle de la laïcité moderne, elle prouve que la société actuelle peut vivre la liberté sans rejeter quiconque de différent dans sa foi ou dans sa non-foi.
Les traditions nous défient encore ! Le peuple se réunit pour les célébrer et vivre de beaux moments à tout point de vue. C’est la communion au-delà de ce qui sépare les humains. N’est-ce pas toujours d’actualité ? L’Église doit-elle se renouveler pour relever ce défi de nos anciennes traditions ? N’est-ce pas d’abord une envie, que celle de le relever ?
Louis-Michel Fillatre, pasteur, pour « L’œil de Réforme »