De jour comme de nuit, des prêtres veillent sur un feu. À Yazd, dans le centre de l’Iran, il a été allumé il y a 1 500 ans et ne doit pas s’éteindre. Fondé il y a près de 3 500 ans par le prophète Zarathoustra, le zoroastrisme est une des plus vieilles religions monothéistes du monde, rappelle Le Point. Elle accorde des pouvoirs purificateurs au feu, qui est considéré comme un symbole de la vérité. Alors, seuls les prêtres peuvent l’approcher. Un masque sur la bouche, afin que leur souffle ne souille pas le feu, ils l’alimentent.
Les croyants comme les visiteurs, eux, le regardent. Ils sont installés derrière la vitre d’une grande salle où un tableau représentant Zarathoustra est accroché. Il s’agit de l’unique décoration de la pièce. Le zoroastrisme a été la religion officielle de la Perse jusqu’à ce que la majorité de ses adeptes se convertissent à l’islam. C’était au VIIe siècle, au moment de la conquête arabe. Depuis, les zoroastriens ont traversé les siècles, malgré la répression et les conversions forcées. Quelque 200 000 dans le monde, ils vivent essentiellement en Iran et en Inde.
Code de bonnes conduites
Âgé de 76 ans, Bahram Demehri, affirme que le zoroastrisme possède des réponses aux préoccupations spirituelles et environnementales actuelles. La religion du professeur retraité accorde, par exemple, une dimension sacrée à l’air, l’eau, la terre et le feu, qui “ne doivent pas être contaminés par l’action de l’homme”. Et puis, il y a le code de bonne conduite du zoroastrisme, rappelle l’hebdomadaire. Il repose sur de “bonnes pensées, de bonnes paroles, de bonnes actions”. “Cultiver la joie de vivre est essentiel dans la pratique de notre religion”, explique Simin. Le calendrier zoroastrien est rythmé par des célébrations, dont les plus anciennes ont été adoptées par tous les Iraniens, pourtant majoritairement musulmans chiites.
Reconnus “minorité religieuse” par la République islamique d’Iran depuis 1979, les zoroastriens disposent de la liberté de culte. Et ils sont représentés au Parlement par un député qu’ils ont élu. Celui-ci siège aux côtés de trois chrétiens (deux Arméniens et un Assyrien) et d’un juif. “Les lois nous protègent. Les zoroastriens sont des membres actifs de la société iranienne. Beaucoup d’entre eux sont secrétaires, professeurs d’université, employés du gouvernement ou ouvriers”, rapporte Bahram Demehri. Mais les zoroastriens ne peuvent ni être officier de l’armée ni candidat à la présidence de la République.
Freddy Mercury célèbre zoroastrien
Ils ont aussi abandonné certaines traditions, comme les “funérailles célestes”. Celles-ci avaient lieu en haut de monticules situés dans le désert. Les zoroastriens y laissaient leurs morts afin que les oiseaux charognards les dévorent. Une pratique interdite pour des raisons sanitaires depuis la fin des années 1960. Quid de l’avenir ? L’un des objectifs est le maintien des rites alors que la communauté a tendance à s’éparpiller dans le monde. Le plus célèbre de ces exilés est Freddy Mercury, le chanteur du groupe Queen, dont la famille zoroastrienne avait quitté l’Inde pour s’installer en Angleterre. D’ailleurs, après sa mort en 1991, une partie de ses obsèques a suivi les rites zoroastriens.
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