Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?

Je suis née en 1956 à Albi, mariée, mère et grand-mère. Ma famille était catholique, raisonnablement pratiquante, ouverte, créative et libérale. À partir du CM1, je me suis liée d’une amitié durable et forte avec la fille du pasteur réformé de ma ville. J’ai fréquenté sa famille, austère, intel- lectuelle et accueillante. Je les estimais et les admirais. Protestantisme et œcuménisme m’ont choisie dès ce moment. Adolescente, lors d’une rencontre de groupe avec l’évêque, à sa question « Qu’aimeriez-vous faire plus tard dans l’Église ? » j’ai répondu : « Prêcher. » Il m’a très gentiment expliqué qu’en tant que femme, j’aurais bien des choses plus inté- ressantes à faire. En 2000, je me suis inscrite pour un an à la Faculté de théologie protestante de Montpellier. C’était passionnant ! La théologie de Martin Luther fut une révélation pour moi. Plus tard, de retour à Paris, j’ai rencontré un pasteur dans le cadre de l’œcuménisme. Il m’a fraternellement accueillie et j’ai rejoint une paroisse de l’Inspection luthérienne de Paris. Aujourd’hui, je suis secrétaire du Conseil presbytéral de la paroisse Trinité-Saint Marcel.

Comment êtes-vous venue à la prédication ?

En 2015, mon pasteur m’a demandé de prêcher. La réponse faite à l’évêque d’Albi dans mon adolescence a resurgi immédiatement. Malgré la surprise et la peur, il n’était pas question de se dérober. Aujourd’hui, je fais partie du groupe des prédicatrices et prédicateurs laïcs de L’ILP. Prêcher est exaltant. Cela me coûte, me demande beaucoup de travail, mais m’enrichit considérablement et me comble lorsque je sens que ce que je donne est reçu et apprécié. Prêcher, c’est pour moi lier la connaissance, la réflexion et la prière pour extraire des Écritures un pain de vie que je vais pouvoir partager avec ceux qui m’écoutent. Prêcher, c’est trouver et débroussailler des chemins vers le sens ou, plus modestement, une partie du sens des Écritures afin d’en partager la fécondité pour notre foi et notre vie. Je m’efforce cependant de ne pas tirer de conclusion fermée, de ne pas m’exprimer comme un directeur de conscience. Car le pain de vie est une nourriture dont chacun doit tirer profit selon sa nature propre, sa vocation et selon les circonstances.

Une confession de foi personnelle

J’ai toujours vécu en compagnie de Dieu, je ne me souviens pas d’un « avant lui », le Christ s’est installé progressivement en moi par sa Parole et par la Croix. C’est par sa Parole qu’il m’a convaincue et construite. C’est par la Croix qu’il a pris possession de mon être. Ma foi est aussi résolument trinitaire. Ma relation au Père et au Fils, dans l’Esprit, est intime mais sereine et dédramatisée. Je respecte scrupuleusement la distance d’autonomie que Dieu a établie entre lui et nous pour notre plus grand bien. Je ne cherche pas à étreindre Dieu avant que soit venu le temps de l’étreinte… s’il vient. Mon chemin de foi est une quête de vérité et un chemin de liberté dans le monde de l’imparfait et de l’inaccompli, mais ou le par- fait et l’accompli se pressentent et parfois se donnent pendant un court instant. Ce que je crois, c’est qu’en Dieu seul « je » peux devenir moi-même, conformément au projet du Seigneur, et que c’est cette personne-là, imparfaite mais accomplie, qui peut être utile à la mission.

Le message chrétien est Vérité, il est lumineux, subtil, complexe, nuancé, libérateur, trop grand pour être enfermé dans l’idéologique, le juridique et le politique.