Ensemble, les Églises protestantes ont un poids non négligeable et peuvent tenir un rôle dans la société. C’est le cas pour les aumôneries.
Une aumônerie officielle
On compte généralement trois types d’aumôneries, que l’État prend en charge financièrement à partir du moment où la liberté religieuse n’est pas acquise pour certaines personnes. Il est en effet impossible à un pri- sonnier d’aller au culte, de même pour la plupart des malades à l’hôpital ou les militaires en déplacement à l’étranger dans ce qu’on appelle les Opex, les opérations extérieures. Comme il s’agit de missions prises en charge par l’État, les Églises proposent des personnes capables de tenir le rôle d’aumôniers et l’État valide ensuite les candidatures, en donnant son autorisation ou en embauchant directement ces personnes laïcs ou pasteurs dans la structure concernée. La Fédération protestante gère et anime ces postes d’aumôneries et notamment fait respecter les impératifs de formation universitaire exigés par l’État.
Formation des aumôniers
Car depuis une dizaine d’années, les formations sont délivrées en université. Cela se comprend qu’il soit nécessaire d’être spécialiste en écoute pour un ministère d’aumônerie, où qu’il s’exerce. Mais s’agissant d’institutions publiques comme les prisons ou les hôpitaux, une formation à la laïcité est aujourd’hui également requise, ce qui peut surprendre pour une action d’Église.
Dans les faits, il ne s’agit pas de nier l’existence de Dieu, mais d’interdire le prosélytisme ou les visites systématiques dans les chambres, l’aumônerie étant un service à la demande pour ceux qui ne peuvent se déplacer. L’État ne fait que prendre acte des appartenances religieuses et du besoin d’accompagnement spirituel des citoyens.
Accompagner le retour à la normale
La Fédération protestante régionale veille donc à la répartition équilibrée des postes et au bon déroulement des ministères et des relations avec l’administration. C’est particulièrement sensible dans les hôpitaux, où des intrusions de missionnaires autoproclamés ont parfois été signalées, ces militants tractant dans les couloirs. Le souci de la Fédération est aussi de développer les liens avec la société civile, pour que des dialogues s’établissent et soient facteurs de paix sociale. Dans les prisons par exemple, lorsqu’une personne a purgé sa peine elle se retrouve dehors et les portes se ferment derrière elle parfois sans préparation. Les aumôniers n’ayant pas le droit d’assurer un suivi extérieur, si personne n’attend l’ancien prisonnier sur le trottoir, il risque d’être décalé par rapport au monde qui a évolué. Une spirale négative peut facilement s’amorcer dès les premiers instants, ne serait-ce que pour prendre un transport sans possibilité d’acquérir un ticket.
Un rôle pacificateur
La Fédération protestante joue également un rôle auprès des pouvoirs publics. Ce n’est pas une question de communication, mais de participation au débat public, et l’on connaît l’importance des débats actuels autour de l’éthique médicale, la fin de vie, etc. Si une parole protestante peut se faire entendre, c’est aussi dans la sphère de l’institution de l’État, là où se gèrent les questions de pauvreté et de sécurité et où les lois peuvent naître ou se discuter. La Fédération en région parisienne a donc récemment développé ses contacts avec les préfectures. La représentation protestante y est déjà effective et sa parole attendue dans presque tous les départements d’Île-de- France. Cette politique de dialogue constant doit permettre de prévenir certains conflits, notamment religieux, entre communautés.