Toutes les portes sont ouvertes, l’histoire est à écrire. Né en 1963, métis, son père est guadeloupéen, né d’une mère célibataire, sa mère auvergnate, fille de médecin, le couple est atypique. Le père, franc maçon, très actif au Grand Orient de France laisse toute liberté spirituelle à ses enfants : faites ce que vous voulez, mais ne vous laissez pas embrigader. Pas question d’aller au Kt. À la maison, tous les livres sont à disposition. Les deux frères aînés de Bertrand sont bouddhistes. Après être resté en France pendant 7 ans, il part avec sa famille, en Guadeloupe et à 16 ans revient en France pour faire des études supérieures, Sciences Po Paris et le CFJ. Il habite à l’internat de l’école Bossuet, rue Madame, non loin du temple du Luxembourg dont il franchit les portes, quand ses études le lui permettent. Il a une certitude : être chrétien, c’est être protestant.

Amour de la musique

Lors de son service militaire, il a des contacts avec le pasteur aumônier, participe au rassemblement international militaire à Mialet. Il se déclare protestant réformé mais sa culture reste très livresque. Il dit être un peu perdu. C’est à 34 ans, en 1997, qu’il s’installe de nouveau près du temple de la rue Madame et qu’il découvre une pratique plus régulière. Il lit la Bible depuis longtemps, a lu et réfléchi sur P. Tillich et D. Bonhoeffer. Journaliste au Figaro, spécialiste de la chanson populaire française, il devient indé-pendant en 2008, écrit des livres, des livrets d’album.

Il fait de la radio (France Info), de la TV et participe à l’émission La vie secrète des chansons. Actuellement, il travaille sur l’ouverture prochaine du musée Virtuel de la Sacem qui regroupe les archives depuis 1850. Y a-t-il un « fil rouge » entre les chansons et sa foi ? Il a toujours écouté beaucoup de musique, et a une collection de disques et CD impressionnante. Il chante juste et fort, dit-il, ce qui est une pratique commune à beaucoup de protestants, une manière de jubilation, d’action de grâce ou de secours, un peu tout le temps et sans y penser explicitement.

Au service de tous

Aujourd’hui, Bertrand Dicale, est toujours à la paroisse de Pentemont Luxembourg. Aller le dimanche, quand il le peut, au temple à pied, est un plaisir et un moment de grande quiétude. Sa femme, Anne-France, issue d’un milieu catholique engagé, est membre du Conseil presbytéral et les enfants sont baptisés. Très pris par son travail et l’écriture, il dit ne pas participer beaucoup. Dans sa jeunesse il a été Éclaireur de France, il trouve toujours naturel d’aider, de ranger et de passer le balai si besoin est. Cela répond à l’esprit de famille car son père était aussi Éclaireur. Ne pas prendre la meilleure part, être là quand il y a quelque chose à faire », c’est une définition du « service » qui lui convient.

Il aime aussi écrire des prières et des prédications. Il est gêné par quelques grands principes : il n’est pas difficile de prier pour ses ennemis mais pour les gens qui vous sont indifférents, le voisin mesquin, ça c’est difficile. Le Christ a changé la vie du monde entier, mais que ferait-il le soir dans le métro à 19h ? Que dirait-il à la caissière de la supérette à l’heure de la fermeture ? C’est compliqué d’ouvrir le temple aux sans-abri, et c’est pourtant ce qu’on demande, le sans-abri est mon frère même s’il n’a rien à voir avec ce que je suis, l’Église est faite pour les gens blessés, elle doit leur donner la parole. L’Église est accueillante, elle n’exclut pas. La lumière est faite pour la nuit, nous confondons la lumière et le jour. Une Église organisée, c’est le plein jour.