L’éveil culturel et religieux (ECR) est la modalité majoritaire de l’enseignement religieux protestant dans les lycées de la région. Même si elle existe depuis une vingtaine d’années, elle a pris une autre dimension depuis l’émergence des questions liées à l’islam et à l’identité. « Pour moi, ECR pourrait aussi être l’acronyme d’écouter, comprendre, respecter »  explique  Dominique Gounelle qui, depuis la rentrée scolaire, partage son emploi du temps entre l’enseignement et le conseil pédagogique auprès de l’UEPAL. « Pendant cette heure hebdomadaire que l’on prépare conjointement avec les catholiques, on parle aussi bien des différents courants de l’islam que des relations avec les autres, de géopolitique que du rapport au corps humain. On apprend aussi à débattre » d’après elle.

Un carrefour de l’amitié

Selon les chefs d’établissement, l’ECR est plus ou moins considéré. « Il est surtout développé dans les cités et les lycées professionnels qui vivent le multiculturalisme au quotidien et sont confrontés aux conflits intercommunautaires » indique Dominique Gounelle.  Lorsqu’il s’inscrit dans le projet d’établissement, il s’adapte au profil des élèves et permet des enseignements transversaux avec les autres matières, comme le français ou l’histoire-géographie. Ainsi, au lycée technique Couffignal à Strasbourg, tous les élèves sont incités à se rendre – et de fait vont – à ce cours, quelles que soient les croyances et origines. « Je trouve que ce qui est proposé est très intéressant, estime son proviseur Bernard Fischer. L’ECR offre à la fois un cours et un lieu d’accueil, celui-ci a été baptisé Carrefour de l’amitié. Les élèves peuvent y venir librement échanger entre eux et avec les adultes.» Pour le proviseur, « ce temps dédié permet aux jeunes d’avoir accès à des réponses qu’ils n’auraient pas par ailleurs et de découvrir l’autre, ce dont ils n’ont pas toujours la possibilité chez eux. » Des expositions, des actions de solidarité ou encore des voyages sont organisés.

Un lieu de médiation

« Je trouve cette modalité plus intéressante que l’enseignement religieux classique où, de toute façon, la moitié des élèves ici serait exclue parce qu’ils ne viennent pas d’une confession reconnue par le concordat » souligne le chef d’établissement. Au lycée Couffignal, qui dispose du plus grand nombre d’heures parmi les établissements du rectorat, l’ECR favoriserait, selon Bernard Fischer, la médiation et éviterait ainsi les conflits, même s’il est difficile d’en mesurer précisément l’impact. En tout cas, le proviseur regrette la perte d’une quinzaine d’heures sur les 55 hebdomadaires à la rentrée, après la nouvelle dotation du rectorat.

Dans les collèges, cette modalité de l’enseignement religieux, d’une heure hebdomadaire également, s’appelle Education au vivre-ensemble, culture et religions. « Elle est moins développée qu’au lycée car l’organisation des cours y est moins souple. Les collèges qui l’ont mise en place sont surtout situés dans l’Eurométropole » constate Dominique Gounelle. En tout cas, une réflexion est en route pour que ce cours se développe.

 

  • 300 heures hebdomadaires
    Dans l’enseignement secondaire, 300 heures d’enseignement religieux protestant sont réalisées chaque semaine dans les établissements grâce à une cinquantaine d’intervenants. Parmi eux, une trentaine sont des ministres du culte ou des ministres du culte en formation qui assurent 1 à 4 h de cours hebdomadaire. Une vingtaine sont des enseignants titulaires ou contractuels, la plupart à temps plein. Même si la licence est requise, la majorité a un master en théologie. Tous ont suivi une formation pédagogique initiale et continuent de se former par la suite.