Par Natacha Cros-Ancey, pasteure et coordinatrice de la formation permanente des pasteurs. 

Tout accepter… Que cela signifie-t-il ? Qu’on te contraigne à des horaires inconfortables ? Qu’on t’oblige à porter une cravate ou à abandonner tes baskets préférées ? Qu’on oublie de te dire bonjour et qu’on n’attende pas grand-chose de toi ? Ou à l’inverse qu’on te demande trop et que ton travail prenne le pas sur tes loisirs et tout ton temps ?

A y regarder de plus près toutes ces questions autour du travail – identité superficielle ou plus profonde, rapport au temps, besoin de reconnaissance et de sens – concernent aussi l’existence en général. Mais guère étonnant au fond si l’on considère que le travail est une grande part de notre existence. Et pour revenir à ta question, je crois même que cette imbrication étroite entre vie et travail peut nous aider à définir l’acceptable et l’inacceptable. Car dans la vie comme dans le travail, de quoi avons-nous besoin ? Qu’est-ce qui est finalement le plus important ? D’être apprécié, de gagner beaucoup d’argent, de ne pas s’ennuyer, de rester libre, ou autre chose encore ? Si tu regardes autour de toi, et si tu penses même à ton propre travail, dans tes études ou peut-être déjà dans la vie active, tu constateras sûrement cette double réalité. Tous nous nous plaignons parfois de notre travail, mais nous constatons pourtant que celles et ceux qui n’en ont pas, ou plus, en souffrent énormément. Et ce double aspect du travail, ce jeu permanent entre contrainte et épanouissement, apparaît déjà aux premières pages de la Bible : Adam et Eve sont condamnés au travail, mais cette nouvelle réalité sera désormais celle d’une humanité entreprenante et créative.

Alors contrainte et épanouissement, qu’accepter pour travailler ? Peut-être simplement qu’il en aille de ton travail comme de la vie : quelle que soit ta tâche, ne perds jamais de vue son sens et les valeurs importantes pour toi. Quelle que soit ta tâche, respect, projets et liens aux autres sont indispensables. Au travail aussi, ils font de toi un sujet et un vis-à-vis.