Il était un peu plus de 21h, sous les ors du salon d’honneur de l’Hôtel de Ville de Paris. Emmanuel Macron parlait depuis quarante minutes aux protestants rassemblés à l’occasion du 500eanniversaire de la Réforme. Il a décrit longuement la relation particulière qu’il avait nouée naguère avec Paul Ricœur, admettant sans apprêt qu’il s’est longtemps demandé pourquoi le philosophe l’avait choisi, croyant trouver la réponse dans une phrase émouvante et mystérieuse  de l’homme  de Châtenay-Malabry: « vous êtes mon contemporain ».

Le président de la république a repris la phrase d’Emmanuel Levinas, « La confiance est le problème de l’autre », afin de reconnaître qu’il se sentait, en quelque sorte, obligé par le crédit qui lui était accordé. Citant Vladimir Jankélévitch, il a estimé que la confiance était un viatique éternel. Puis, fondant son ultime démonstration sur une pensée de Jean Baubérot, il a souhaité que les protestants conservent leur esprit critique. Enfin, d’un souffle emprunt d’une véritable affection, le chef de l’Etat a murmuré : « Allons, bon anniversaire à tous ». Alors, pris d’émotion, les six cents personnes présentes […]