En cette période de crise, toutes les communautés religieuses ont inventé de nouvelles pratiques, dans leur quotidien comme pour les grandes fêtes (Pessah, Pâques, le Ramadan…).

Indéniablement, les religions se sont adaptées à la situation de confinement qui a touché de façon quasi mondialisée tous les croyants et les institutions religieuses. Quoi de plus normal d’ailleurs, que ces femmes et ces hommes d’aujourd’hui qui vivent leur foi dans une situation particulière, se soient montrés particulièrement inventifs ? Certes, les lieux de culte (surtout chrétiens) sont pour la plupart restés ouverts pour permettre le recueillement individuel. Mais lorsque les rassemblements sont impossibles, c’est en quelque sorte la « substantifique moëlle » des religions qui est mise à terre. Les médias ont souvent relayé les actions mises en place par des responsables de cultes qui, loin de rester figés, ont fait des propositions nouvelles.
En France, il y a eu quelques messes catholiques du style « drive » : en pleine air, depuis des voitures. Mais ce qui a surtout vu le jour, c’est l’expansion des visioconférences grâce aux apports technologiques de notre époque. Qui a dit que les religions n’évoluaient pas ? Du côté de la communauté juive, on a ainsi pu voir très rapidement des propositions de prière en ligne, d’offices de shabbat ou, plus décalées, de recettes de cuisine cachère par écran interposé qui ont trouvé leurs nouveaux fidèles. Cette crise, ce confinement « nous ont éveillés à d’autres canaux de communication », résume Laurent Schilly, secrétaire général du Consistoire Israélite du Haut-Rhin.

Des prières contre le Covid

Le jour de l’Ascension, à Mulhouse, les représentants des principaux cultes – juif, catholique, protestant et musulman – se sont retrouvés pour un « temps de prière contre le Covid ». Chacun commençait par donner des nouvelles de sa communauté et concluait par une prière. Il a ainsi été demandé à Dieu qu’il « se lève de la chaise de la rigueur » pour retourner vers le trône de sa grâce. Plus d’une centaine de personnes ont suivi ce temps fort en direct sur la toile. Dans le Bas-Rhin, une vidéo postée sur YouTube et vue plus de 1500 fois a, là aussi, permis de suivre un temps de prière : le Père Étienne Uberall, pour les catholiques, Salomon Lévy, pour les juifs et Mustafa Avci, pour les musulmans, ont chacun pris un temps pour partager leurs interrogations et leur foi au Dieu unique.

Si ces temps forts ont pu voir le jour avec très peu de moyens, les questions économiques restent pour certains cultes au cœur des préoccupations. En Alsace-Moselle, les communautés musulmanes et bouddhistes, qui ne sont pas financées par l’État comme le sont les cultes statutaires, se trouvent face à des difficultés inédites. L’absence de rencontres, où généralement les fidèles donnent généreusement, a fortement impacté leurs ressources. Les collectivités territoriales ont mis sur pied des aides aux associations, afin de combler en partie les trous dans leurs budgets. La crise sanitaire – et particulièrement le confinement – ont permis la mise en route de belles solidarités interne et externe envers les plus pauvres et les plus isolés. Ce mouvement, loin de se terminer, commence même à se structurer pour des religions qui, de façon spontanée, continuent de vivre leur vocation : donner du sens et relier les êtres humains dans leurs communautés propres et dans la solidarité interreligieuse bien ancrée dans nos territoires.