Chaque année en septembre, les juifs célèbrent d’importantes fêtes et ouvrent leurs portes au grand public à travers la Journée européenne de la culture et du patrimoine juifs. 

Cimetières et synagogues, souvent désaffectées, constituent la partie la plus visible de la présence juive en Alsace et en Moselle, du moins dans les petites villes et les villages. Ils sont les témoins d’un judaïsme essentiellement rural, aujourd’hui « endormi », selon Dorah Husselstein, enseignante à la retraite, seule juive dans son village et membre de la Commission de dialogue avec le judaïsme de l’UEPAL. Une situation qui contraste fortement avec la vitalité des communautés urbaines et qui fait de l’Alsace l’un des grands centres du judaïsme en France. Cela dit, il n’existe pas de statistiques permettant d’estimer le nombre de personnes membres d’une communauté juive en Alsace et en Moselle, sur les 550 000 environ que compte l’Hexagone. Parce qu’ils se considèrent comme un peuple, « tous les juifs sont considérés comme faisant partie de la communauté : très pratiquants, traditionnalistes ou éloignés de la pratique religieuse », explique Dorah Husselstein.

On n’est pas juif tout seul

« Être juif, ce n’est pas seulement pratiquer une religion, c’est une façon de vivre globale », poursuit-elle, appuyée par Thierry Legrand, professeur d’Histoire des religions à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg et président de la Commission de dialogue avec le judaïsme de l’UEPAL : « C’est une religion où la famille est centrale ; la synagogue est un lieu de vie avec, dans les grandes villes, un centre communautaire, des œuvres de loisirs et de charité ». Sans oublier le rôle important des écoles privées, où de plus en plus de familles inscrivent leurs enfants.

L’étude des textes (la Torah, mais aussi le Talmud et d’autres écrits) et le respect des lois divines (dont le Shabbat et les règles alimentaires appelées « cacherout ») constituent le cœur de la pratique juive. « C’est une religion où la Vie à son importance en cela qu’elle ne nous appartient pas » insiste l’ancienne enseignante. Les approches sont cependant très diverses en fonction des différentes traditions et selon que l’on appartient à un courant plus ou moins orthodoxe ou libéral.

Des sensibilités très diverses

L’organisation des communautés israélites du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle relève d’un consistoire pour chaque département. Juifs ashkénazes (originaires d’Europe occidentale, centrale et orientale) et séfarades (venus d’Afrique du Nord) s’y côtoient. Les rabbins, tout comme les prêtres et les pasteurs, y sont rétribués par le Ministère de l’intérieur. À côté de ces courants orthodoxes, d’autres, plus rigoristes, ont le vent en poupe, notamment auprès des jeunes. C’est le cas des Loubavitch, « joyeux et festif tout en étant très intellectuels et fortement présents tant sur le terrain que sur Internet et les réseaux sociaux », note Dorah Husselstein. Sans oublier, « à la marge » selon elle, le judaïsme libéral, « une alternative sans doute nécessaire à une époque où il existe de nombreux couples mixtes et des juifs qui, éloignés de leur pratique religieuse mais fortement attachés à leurs racines, ne se retrouvent pas dans un milieu plus traditionnel ». Comme ailleurs en France, Dorah Husselstein déplore l’actuel « antisémitisme latent dans notre région, autant à la campagne qu’en ville ». Contrairement au christianisme, le judaïsme ne fait pas de prosélytisme mais compte chaque année quelques convertis, intégrés après un parcours voulu très exigeant.

Infos sur http://www.jecpj-france.com/alsace-journees-patrimoine-juif/.

  • Mieux connaître le judaïsme ? Thierry Legrand et Dorah Husselstein se tiennent à la disposition des paroisses qui souhaitent organiser une formation sur le judaïsme. Contact : legrand.tf@orange.fr