Comme à son habitude empressée de donner quitus au souverain pontife, la hiérarchie catholique, et à sa suite l’ensemble des médias, avait alors salué l’audace de la décision de Joseph Ratzinger. Et souligné qu’il avait ouvert une perspective nouvelle pour ses successeurs. Or, Joseph Ratzinger avait choisi de se retirer dans de somptueux appartements du Vatican non pas pour des raisons de santé, mais à la suite des scandales qui avaient éclaboussé la fin de son règne, sous le nom de Vatileaks, des scandales qui avaient mis en lumière les réseaux de corruption minant le Saint-Siège.

Six ans ont passé. Et durant ce sexennat, d’autres scandales, bien plus nombreux, ont éclaté dans l’Église, avec des répercussions sans commune mesure avec ceux créés par les Vatileaks. Scandales, les défis de l’Église catholique (éditions Empreinte temps présent) en dressait l’inventaire dès 2017. Depuis, ils se sont multiplié et aggravé : en France, l’affaire Barbarin-Preynat, avec la condamnation à six mois de prison avec sursis du primat des Gaules pour non-dénonciation d’agressions sexuelles, les plaintes déposées contre le nonce apostolique Luigi Ventura pour agressions sexuelles ; partout dans le monde, en Europe, aux États-Unis, en Amérique latine, la révélation de la pédocriminalité qui sévit dans le clergé, et jusqu’en Australie, avec la condamnation du cardinal Pell à six ans de prison pour plusieurs viols d’enfants de chœur.

Aux scandales de pédophilie se sont ajoutées les révélations des abominations perpétrées sur des religieuses réduites en esclavage par des prêtres et des religieux, en France, en Afrique et au Vatican. L’omniprésence de prélats gays dans la curie romaine est dévoilée par le livre-enquête de Frédéric Martel, Sodoma, non pour critiquer leur orientation sexuelle, mais pour dénoncer leur incommensurable hypocrisie, qui conjugue homophobie en public et homosexualité en privé. Le sommet de l’Église est corrompu jusqu’à la moelle.

À chaque scandale, le souverain absolu qui gouverne sans partage l’église romaine, le pape François se fait le champion en paroles de la tolérance zéro, dénonçant les œuvres du diable dans son clergé. À chaque fois, il dit et il crie, il convoque les présidents des conférences épiscopales, lance les imprécations. Il dit, mais il ne fait pas, il ne fait rien. C’est par une telle contradiction de la parole et des actes que Jésus définit l’hypocrisie des scribes et des pharisiens dans Matthieu 23, 3. Or, non seulement Jorge Bergoglio ne fait pas, mais ses actes provoquent jusqu’à ses propres fidèles, quand il maintient son nonce à Paris et fait obstacle à la justice qui veut l’interroger et surtout quand il refuse contre toute attente la démission du cardinal condamné Philippe Barbarin.

Indignés, quatre membres de la commission pontificale sur la protection des enfants ont démissionné. En ouvrant l’assemblée plénière de la CEF réunie à Lourdes, l’archevêque Georges Pontier s’est lui-même ému. […]